Les hasards de la géographie ont rendu proches les deux rives de la méditerranée, ceux de l’histoire (la colonisation), les ont fait hériter d’une dangereuse proximité culturelle et politique qui ne vaut pas la distance, en ce sens qu’elle brouille les perspectives et complique l’approche.
Le discours sur la colonisation, qui met en cause le dialogue, n’a pas encore pu se détacher d’un double système de culpabilisation. L’ « ex-colonisé » ne cherche pas à savoir ce qui, dans son histoire, l’a rendu matériellement faible et donc « colonisable ». L’ « ex-colonisateur », quant à lui, légitime sa conquête sanglante, le plus souvent par une mission civilisatrice. Il est temps de sortir de ce jeu de miroir plus de 50 ans après la grande vague des indépendances.
Pour certains courants idéologiques, le projet de l’union pour la méditerranée manifesterait la poursuite du projet colonial sous une nouvelle forme, ou en tous les cas, la volonté de briser l’unité maghrébine, africaine, et arabe. Suivant la même logique, une union pour la méditerranée serait dangereuse, parce qu’elle parachèverait la scission entre le Maghreb, l’Afrique et le monde arabe. Or, comment peut-on parler de menacer, de briser ou de scinder des corps pour le moment somnolents. A l’époque d’une mondialisation à pas forcés, un essor ne peut avoir lieu hors des pôles dominants le monde, sauf s’il se déroule dans le cadre d’aires régionales transnationales et à l’initiative de pays qui en font partie. Un état des lieux dans le sous-ensemble régional maghrébin, l’UMA, et les deux ensembles la ligue arabe et l’union africaine permet de se rendre à l’évidence qu’aucun des trois, du moins dans le contexte actuel, n’offre que relativement, à ses membres, et par conséquent aux peuples, les conditions favorables pour une émergence.
Pour le Maghreb, l’UMA, où se trouve la ligne de partage entre le Maghreb « introuvable » et le Maghreb « réel », celui qui est à notre portée. D’après les textes fondateurs de l’UMA, les pays du Maghreb sont liés par une communauté de destin : géographie, religion, histoire, langue. Affirmations politiques générales qui ne rendent pas compte de la complexité des sociétés elles mêmes, ni de leurs transformations, sans oublier la boulimie hégémoniste conséquence de la guerre froide. Les principes fondateurs de l’UMA définissent un cadre institutionnel pour bâtir un ensemble ou un pôle stratégique, c’est là une promesse, celle d’une chance ni plus ni moins. Car il est triste de constater aujourd’hui que tout se passe comme si la région maghrébine était entrée dans une période de stagnation durable alors que l’objectif de l’UMA visait à construire une zone de prospérité partagée en améliorant les conditions de vie des peuples, objectif impossible à réaliser tant que l’union maghrébine est en panne.
Beaucoup d’investisseurs se détournent de la région maghrébine en raison de la tension qui prévaut. Pour ne citer que quelques exemples parmi tant d’autres, en 2008, les pays du Golf devraient investir plus de 150 milliards de dollars à l’étranger, ce montant a été compilé grâce aux statistiques de l’agence Bloomberg. Mais le grand obstacle à l’investissement des « khalijis » au Maghreb reste la panne politique de l’UMA et la quasi-absence d’échanges économiques entre ses membres. Autant d’éléments rédhibitoires pour les hommes d’affaires du Golf désormais entièrement acquis à l’idée que les groupements régionaux, doublés de zone de libre échange comme c’est le cas du CCG, sont une condition nécessaire à l’investissement à l’étranger.
Un autre exemple de la panne maghrébine est le projet de l’autoroute du Maghreb qui figure en bonne place de la liste des projets retenus par la commission européenne pour le sommet fondateur de l’union pour la méditerranée prévu le 13 Juillet 2008 à Paris. Ce projet qui bute sur une frontière fermée, la jonction entre Oujda et l’autoroute algérienne, qui arrive jusqu’à la frontière du Maroc, n’est pas programmé même si le projet initial du grand Maghreb l’a prévu. Là encore il y a la nécessité d’ouvrir les frontières entre l’Algérie et le Maroc fermées depuis 1994. Si le Maroc veut au niveau officiel cette réouverture, l’Algérie n’en voit pas d’intérêt dans l’immédiat.
Quant à l’ensemble africain (l’union africaine), il faut rappeler que dans les premières années de leurs indépendances, les pays africains étaient divisés entre les « révolutionnaires » et les « réactionnaires ». Les révolutionnaires avaient pour rêve de libérer l’Afrique du joug colonial, néocolonial, capitaliste et impérialiste. Les réactionnaires étaient traités « des supports du capitalisme » et de « laquais de l’impérialisme ». Mais comme le temps à tous les rêves se plait à faire des affronts, le grand frère soviétique a volé en éclat après avoir découvert les vertu de la « Perestroika », la Chine de son côté s’est réveillée et fait trembler les industries d’Europe et d’Amérique pendant que ses « golden boys » de la bourse de Shanghai dament le pion à leurs homologues de Wall Street. Depuis beaucoup de révolutionnaires africains sont devenus des sages élèves du FMI. Mais les frivolités de certains régimes africains avaient quand même fini par conduire beaucoup de pays à la guerre civile, à la ruine, et des femmes et des hommes à vivre dans la misère et dans les chaînes de l’asservissement.
Dans un entretien accordé au journal « Le Monde diplomatique » du mois de Décembre 2004, monsieur Jacques Diouf, directeur général de la FAO parlant de la situation alimentaire en Afrique subsaharienne expliquait « l’élimination de la faim n’est pas seulement un impératif d’ordre moral ou éthique, c’est aussi une nécessité économique. Tout être doué de raison devrait comprendre sans difficulté l’énorme avantage pour les producteurs de biens et de services, de la transformation de 200 millions d’affamés en consommateurs avec un pouvoir d’achat effectif ». En dehors des slogans, seule la création d’un grand espace économique entre le sous-continent africain subsaharien le Maghreb et les pays de la rive nord de la méditerranée peut sauver cette région du désastre. Projet certes ambitieux mais qui peut devenir une réalité par la volonté des décideurs politiques, des peuples, et si les conditions de paix et de stabilité sont réunies. Il serait chimérique de vouloir analyser les problèmes africains à l’échelle continentale mais plutôt au niveau sous-continental, même si le continent africain reste un ensemble indivisible.
Pour ce qui est de l’ensemble arabe (la ligue arabe), il suffit de regarder une carte pour se rendre compte de l’immense espace géographique qu’il occupe, de sa relative cohérence, et des richesses qu’il recèle. Les milliards de dollars de revenus pétroliers, accumulés par certains pays arabes pouvaient être le moteur d’un véritable développement civilisationel. On reproche aux arabes cet arabisme fondé sur les vertus de l’ethnie qui n’appartient pas en réalité aux traditions arabes telle que la morale religieuse les avait formés. Aujourd’hui le monde arabe n’est certes plus dans la tempête, mais il a besoin d’une réelle vision du monde par certains de ses dirigeants.
Il faut admettre que le monde a changé. Le troisième millénaire n’est pas celui des années 60 du siècle dernier à l’époque où les états omniprésents, omnipotents, encadrants, étouffants contrôlaient les sociétés. Les générations actuelles ont largement la possibilité de faire preuve de capacité à mieux gérer et à développer leurs pays. Les chefs d’états des pays maghrébins, qui probablement feront le déplacement à Paris les 13 Juillet 2008, savent que même s’ils prennent place dans la future union pour la méditerranée ils n’exposeront à aucun risque de déchirure ni l’unité maghrébine, ni arabe, ni africaine à laquelle ils appartiennent et que personne ne pourra leur contester. Ils défendront l’institution d’un partenariat entre les deux rives de la méditerranée et non pas une relation d’assistance et d’aide qui fait qu’il y a nécessairement dans ce type de rapport une partie qui assiste et une autre partie qui est assistée, mais une relation selon la logique même du partenariat, visant sur une base égalitaire à se reconnaître mutuellement des droits mais aussi des obligations.
Les chefs d’états maghrébins arabes profiteront certainement de l’occasion pour plaider auprès du monde européen la cause du peuple palestinien. Les amis d’Israël doivent savoir qu’il est temps que l’état hébreux comprenne et s’en accommode avec le temps. Pour les dirigeants israéliens, l’heure du choix a sonné. Quant au palestiniens, s’ils n’ont pas toujours eu raison dans leur manière de se comporter, il est clair que nul n’aura raison contre la vérité qu’ils incarnent.
Le Maghreb dans sa vocation méditerranéenne est à même d’être, pour son propre compte, un laboratoire régional qui participe à la mondialisation, une initiation à d’autres proximités à venir, à d’autres zones d’influence, proche ou lointaine. Cela suppose que la décision politique soit capable de sortir de ses limites, issues du nationalisme post-indépendantiste et de s’engager dans un voisinage de complémentarité, le bon pari commence par là.
Pour certains courants idéologiques, le projet de l’union pour la méditerranée manifesterait la poursuite du projet colonial sous une nouvelle forme, ou en tous les cas, la volonté de briser l’unité maghrébine, africaine, et arabe. Suivant la même logique, une union pour la méditerranée serait dangereuse, parce qu’elle parachèverait la scission entre le Maghreb, l’Afrique et le monde arabe. Or, comment peut-on parler de menacer, de briser ou de scinder des corps pour le moment somnolents. A l’époque d’une mondialisation à pas forcés, un essor ne peut avoir lieu hors des pôles dominants le monde, sauf s’il se déroule dans le cadre d’aires régionales transnationales et à l’initiative de pays qui en font partie. Un état des lieux dans le sous-ensemble régional maghrébin, l’UMA, et les deux ensembles la ligue arabe et l’union africaine permet de se rendre à l’évidence qu’aucun des trois, du moins dans le contexte actuel, n’offre que relativement, à ses membres, et par conséquent aux peuples, les conditions favorables pour une émergence.
Pour le Maghreb, l’UMA, où se trouve la ligne de partage entre le Maghreb « introuvable » et le Maghreb « réel », celui qui est à notre portée. D’après les textes fondateurs de l’UMA, les pays du Maghreb sont liés par une communauté de destin : géographie, religion, histoire, langue. Affirmations politiques générales qui ne rendent pas compte de la complexité des sociétés elles mêmes, ni de leurs transformations, sans oublier la boulimie hégémoniste conséquence de la guerre froide. Les principes fondateurs de l’UMA définissent un cadre institutionnel pour bâtir un ensemble ou un pôle stratégique, c’est là une promesse, celle d’une chance ni plus ni moins. Car il est triste de constater aujourd’hui que tout se passe comme si la région maghrébine était entrée dans une période de stagnation durable alors que l’objectif de l’UMA visait à construire une zone de prospérité partagée en améliorant les conditions de vie des peuples, objectif impossible à réaliser tant que l’union maghrébine est en panne.
Beaucoup d’investisseurs se détournent de la région maghrébine en raison de la tension qui prévaut. Pour ne citer que quelques exemples parmi tant d’autres, en 2008, les pays du Golf devraient investir plus de 150 milliards de dollars à l’étranger, ce montant a été compilé grâce aux statistiques de l’agence Bloomberg. Mais le grand obstacle à l’investissement des « khalijis » au Maghreb reste la panne politique de l’UMA et la quasi-absence d’échanges économiques entre ses membres. Autant d’éléments rédhibitoires pour les hommes d’affaires du Golf désormais entièrement acquis à l’idée que les groupements régionaux, doublés de zone de libre échange comme c’est le cas du CCG, sont une condition nécessaire à l’investissement à l’étranger.
Un autre exemple de la panne maghrébine est le projet de l’autoroute du Maghreb qui figure en bonne place de la liste des projets retenus par la commission européenne pour le sommet fondateur de l’union pour la méditerranée prévu le 13 Juillet 2008 à Paris. Ce projet qui bute sur une frontière fermée, la jonction entre Oujda et l’autoroute algérienne, qui arrive jusqu’à la frontière du Maroc, n’est pas programmé même si le projet initial du grand Maghreb l’a prévu. Là encore il y a la nécessité d’ouvrir les frontières entre l’Algérie et le Maroc fermées depuis 1994. Si le Maroc veut au niveau officiel cette réouverture, l’Algérie n’en voit pas d’intérêt dans l’immédiat.
Quant à l’ensemble africain (l’union africaine), il faut rappeler que dans les premières années de leurs indépendances, les pays africains étaient divisés entre les « révolutionnaires » et les « réactionnaires ». Les révolutionnaires avaient pour rêve de libérer l’Afrique du joug colonial, néocolonial, capitaliste et impérialiste. Les réactionnaires étaient traités « des supports du capitalisme » et de « laquais de l’impérialisme ». Mais comme le temps à tous les rêves se plait à faire des affronts, le grand frère soviétique a volé en éclat après avoir découvert les vertu de la « Perestroika », la Chine de son côté s’est réveillée et fait trembler les industries d’Europe et d’Amérique pendant que ses « golden boys » de la bourse de Shanghai dament le pion à leurs homologues de Wall Street. Depuis beaucoup de révolutionnaires africains sont devenus des sages élèves du FMI. Mais les frivolités de certains régimes africains avaient quand même fini par conduire beaucoup de pays à la guerre civile, à la ruine, et des femmes et des hommes à vivre dans la misère et dans les chaînes de l’asservissement.
Dans un entretien accordé au journal « Le Monde diplomatique » du mois de Décembre 2004, monsieur Jacques Diouf, directeur général de la FAO parlant de la situation alimentaire en Afrique subsaharienne expliquait « l’élimination de la faim n’est pas seulement un impératif d’ordre moral ou éthique, c’est aussi une nécessité économique. Tout être doué de raison devrait comprendre sans difficulté l’énorme avantage pour les producteurs de biens et de services, de la transformation de 200 millions d’affamés en consommateurs avec un pouvoir d’achat effectif ». En dehors des slogans, seule la création d’un grand espace économique entre le sous-continent africain subsaharien le Maghreb et les pays de la rive nord de la méditerranée peut sauver cette région du désastre. Projet certes ambitieux mais qui peut devenir une réalité par la volonté des décideurs politiques, des peuples, et si les conditions de paix et de stabilité sont réunies. Il serait chimérique de vouloir analyser les problèmes africains à l’échelle continentale mais plutôt au niveau sous-continental, même si le continent africain reste un ensemble indivisible.
Pour ce qui est de l’ensemble arabe (la ligue arabe), il suffit de regarder une carte pour se rendre compte de l’immense espace géographique qu’il occupe, de sa relative cohérence, et des richesses qu’il recèle. Les milliards de dollars de revenus pétroliers, accumulés par certains pays arabes pouvaient être le moteur d’un véritable développement civilisationel. On reproche aux arabes cet arabisme fondé sur les vertus de l’ethnie qui n’appartient pas en réalité aux traditions arabes telle que la morale religieuse les avait formés. Aujourd’hui le monde arabe n’est certes plus dans la tempête, mais il a besoin d’une réelle vision du monde par certains de ses dirigeants.
Il faut admettre que le monde a changé. Le troisième millénaire n’est pas celui des années 60 du siècle dernier à l’époque où les états omniprésents, omnipotents, encadrants, étouffants contrôlaient les sociétés. Les générations actuelles ont largement la possibilité de faire preuve de capacité à mieux gérer et à développer leurs pays. Les chefs d’états des pays maghrébins, qui probablement feront le déplacement à Paris les 13 Juillet 2008, savent que même s’ils prennent place dans la future union pour la méditerranée ils n’exposeront à aucun risque de déchirure ni l’unité maghrébine, ni arabe, ni africaine à laquelle ils appartiennent et que personne ne pourra leur contester. Ils défendront l’institution d’un partenariat entre les deux rives de la méditerranée et non pas une relation d’assistance et d’aide qui fait qu’il y a nécessairement dans ce type de rapport une partie qui assiste et une autre partie qui est assistée, mais une relation selon la logique même du partenariat, visant sur une base égalitaire à se reconnaître mutuellement des droits mais aussi des obligations.
Les chefs d’états maghrébins arabes profiteront certainement de l’occasion pour plaider auprès du monde européen la cause du peuple palestinien. Les amis d’Israël doivent savoir qu’il est temps que l’état hébreux comprenne et s’en accommode avec le temps. Pour les dirigeants israéliens, l’heure du choix a sonné. Quant au palestiniens, s’ils n’ont pas toujours eu raison dans leur manière de se comporter, il est clair que nul n’aura raison contre la vérité qu’ils incarnent.
Le Maghreb dans sa vocation méditerranéenne est à même d’être, pour son propre compte, un laboratoire régional qui participe à la mondialisation, une initiation à d’autres proximités à venir, à d’autres zones d’influence, proche ou lointaine. Cela suppose que la décision politique soit capable de sortir de ses limites, issues du nationalisme post-indépendantiste et de s’engager dans un voisinage de complémentarité, le bon pari commence par là.