Le coup de gueule des autorités maliennes contre le Polisario n’a pas surpris beaucoup de monde, et en particulier les spécialistes Occidentaux qui scrutent ce qui se passe au Sahel.
L’exaspération de Bamako contre le Polisario est l’aboutissement de plusieurs mois d’agitation, dans le nord malien, de dizaines de combattants du Front anti-marocain qui lutte, avec le soutien de l’Algérie, pour l’indépendance de la région du Sahara Occidental. La dernière incursion du Polisario au Mali, qui a fait un mort et plusieurs personnes enlevées, a été l’infiltration de trop. Il n’en fallait pas plus pour que Bamako, qui a déjà retiré il y a deux ans sa reconnaissance de la RASD, la république autoproclamée par le Polisario, décide de mettre fin à ce qu’il considère comme des opérations de rodéo sur son territoire.
Le Polisario prétextait qu’il était à la recherche de suspects du rapt de trois humanitaires européens, enlevés le 23 octobre au QG du Polisario en Algérie. Un alibi balayé d’un revers de la main par les autorités maliennes. Bamako sait qu’il a des arguments solides entre les mains. Des suspects en lien avec l’enlèvement des deux espagnols et de leur collègue italienne, ont été arrêtés début décembre en Mauritanie et non au Mali. Ce sont des sahraouis de Tindouf, appartenant au Polisario. De surcroît, précise Bamako, divers rapports ont établi la responsabilité directe d’éléments du Polisario dans ce rapt. Les trois Occidentaux ne pouvaient pas être enlevés dans les camps de Tindouf, placés sous haute surveillance armée du Polisario et des services de sécurité algériens, sans complicités dans les rangs du Polisario.
Le Mali accuse même le Front sahraoui d’être le principal vecteur du trafic de drogue et des rapts d’Occidentaux pour le compte d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi). Depuis plusieurs mois, les fréquentes entrées et sorties des combattants du Polisario dans le Nord du Mali étaient devenues un exercice routinier. Il s’agit, selon les spécialistes occidentaux, de la conséquence logique des activités nouées par ces éléments avec les groupes jihadistes d’Aqmi au Sahel. Trafic de drogue et d’armes et sous-traitance des rapts d’Occidentaux, constituent la trame de cette relation qui rapporte très gros. Une activité lucrative qui est devenue indispensable pour le Polisario depuis la chute de Kadhafi, son ancien allié et fournisseur en devises.