Le Maghreb à la lumière de la chute du régime Kadhafi.

L’annonce de la mort de Kadhafi est un grand soulagement aussi bien pour les libyens que pour beaucoup de familles dans le monde. Les implications de son régime dans les séquestrations et le maniement de l’argent du pétrole libyen est un secret de Polichinelle. De l’armement de plusieurs factions séparatiste dans le grand désert et le Nord du Mali jusqu’au le ravivement des tensions entre plusieurs Etats, Khadafi n’a pas hésité de montrer son penchement ainsi que sa vocation expansionniste. Cette volonté fantasque de déstabiliser plusieurs pays voisins a changé parfois la donne géopolitique de la région en l’occurrence plusieurs factions terroristes et séparatistes ont vu le jour ni de dire sont devenu un élément majeur dans la perturbation que connaît plusieurs pays. Les derniers opérations terroristes dans le Nord du Mali quand un homme a été tué et trois autres ont été enlevés par des éléments du Polisario en plein centre de la localité d’El Hank ne sont que des conséquences de cette politique du chaos prôné par le guide.

Le soutien financier du Kadhafi financier et militaire a été désastreux. Plusieurs éléments de la faction séparatiste de Polisario appartenant au Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique ont été derrière l’attaque confirmée après par les autorités mauritaniennes. L’invasion des milices libyennes le Tchad ainsi que son implication direct dans la mort de plusieurs innocents dans le Sahel en armant les milices de Touareg au nord du Mali n’ont jamais été dans le sens de l’apaisement que scandait l’ancien Guide. Les ambitions démesurées de Kadhafi ont contribué à l’émergence de plusieurs états faillis et résilients dans la région. En soutenant la plupart des factions séparatistes en Afrique et dans l’Asie, Kadhafi a pu transformer voire bouleverser beaucoup de vies humaines. La résurgence des revendications de la population touarègues en 2006 ainsi que le renforcement des trafics de drogues et l’apparition d’un sanctuaire d’Al-Qaeda au Maghreb Islamique (Aqmi) dans les pays du Sahel et l’Afrique subsaharienne sont autant des indices qui élucident le lien fort tissé entre le séparatisme et le terrorisme. L’attentant de Lockerbie, qui a fait 270 morts en 1988 en Ecosse outre son ingérence dans le conflit entre l’Ouganda et la Tanzanie en bombardant la ville tanzanienne de Mwanza en avril 1979, Kadhafi n’a cessé de terroriser et de manipuler. Son « livre vert », un ensemble de textes et de théories pleines de démagogies légitimant son soutien aux mouvances terroristes dans le monde entier montre la personnalité hitlérienne qui l’animait. L’affaire des infirmières bulgare – accusées d’avoir inoculé le VIH à des enfants – est une pure manipulation de ses services secrets, une opération qui étais dans l’objectif de réintégrer la scène mondiale pour surmontais l’embargo à cause de son ambition d’acquérir des armes nucléaires. La mort de Kadhafi, certes, va apaiser les esprits et pourra soulager et, peut être, va permettre à plusieurs familles de faire leurs deuils et y compris celles des exécutés de la prison d’Abou Salim, néanmoins, la mort de Kadhafi n’est pas la fin de la calamité qu’encourt toute une région ni de dire tout un continent. En effet, le régime Kadhafi et dès le début des affrontements avec les rebelles a dépensé plus de 8 milliards de dollars pour l’achat de tout un arsenal d’armes légères tel que les lance-roquettes, mitrailleuses et des fusils d’assaut. Au fur et à mesures de la chute de son régime, plusieurs casernes militaires ont été assaillit et spoliées par, parfois, des groupes inconnus et parfois par des pro-rebelles. Dans le chaos total qui règne en Libye, la communauté internationale doit s’attendre au pire. Tout simplement, l’Aqmi va tenter avec tous les moyens de mettre la main sur une partie des armes telles que les missiles Sol-Air de courte portée (Manpad) dont les casernes de Kadhafi disposaient au moins 20 000 unités. De fait, plusieurs pays, meurtris par la crise économique et l’incapacité d’avoir un control sur les régions périphériques, vont se retrouver dans la confrontation avec des bandes terroristes qui pratiquent la contrebande, le trafic d’armes, ce qui peut, il faut le dire, ébranler des régions entière. Une donne qui pourra déstabiliser plusieurs pays en voie de construction. Le Niger, le Mali et le Soudan, surtout la région de Darfour, pourront connaître une montée de rivalités entre les antagonistes. Au Niger et surtout dans la région de l’Aîr, le mouvement des Nigériens pour la Justice pourra accentuer ses activités terroristes. C’est un constat que le président du Niger, Mahamadou Issoufou, n’a pas hésité de l’évoquer en marge de l’Assemblée générale annuelle des Nations unies, en affirmant que des armes « se trouvaient à travers toute la région du Sahel et du Sahara et pouvaient tomber entre les mains des extrémistes ». De surcroit, la fragilité sécuritaire dans la région du Sahel et la distorsion sécuritaire dans les frontières dans la région du Maghreb surtout l’axe Libye-Algérie peut conduire l’Aqmi à renforcer ses activités et peut, fort et bien, laisser cette organisation terroriste à tirer profit du trafic d’armes et de la drogue. Cette situation peut favoriser, aussi, le réveil de plusieurs cellules dormantes dans la région et surtout dans des pays comme la Mauritanie et le Tchad, qu’il faut rappeler, ont beaucoup de jeunes qui se sont engagés dernièrement dans des katiba de l’Aqmi. Outre le Maroc, qui au cours de l’année 2011, a réussi à démanteler plusieurs cellules terroristes dont les membres utilisent l’internet afin de nouer des liens avec Al-Qaeda, la situation en Algérie n’est pas aussi sécurisée et les spectres d’éclosion des mouvements salafistes est un scénario fort possible. Ceci dit, le régime Kadhafi a fait beaucoup de dégâts et le risque de désordre plane encore sur beaucoup de régions dans le monde et particulièrement sur l’ensemble des pays de la Corne d’Afrique et le Maghreb. Beaucoup de mercenaires venus de la Libye vont chercher d’attaquer des cibles occidentales. Le récent enlèvement des trois coopérants, une Espagnole, une Italienne, et un Espagnol dans le sud-ouest de l’Algérie laisse penser que d’autres actions terroristes sont déjà planifiées. Dès lors, sans une stratégie de récupération des armes qui transitent d’un pays à l’autre, toutes les hypothèses sont à prévoir et aucun pays ne sera à l’abri des menaces. En tous les cas le risque du conflit avec Al-Qaeda est imminent. Les combats qui se déroulent actuellement à Mogadiscio entre les forces du gouvernement en place et le mouvement de Shabab sont un signal fort qu’Al-Qaeda essaye d’envoyer à plusieurs niveaux. De fait, la recrudescence du terrorisme dans la région du Maghreb est forte probable. Sans une stratégie sécuritaire commune à moyen terme et à long terme entre les pays de la région, les Etats en place vont se retrouver dans une situation périlleuse. L’Aqmi va renforcer ses bases en tirant profit des armes qui proviennent de la Libye. Dès lors, les Etats du Maghreb, surtout le Maroc et l’Algérie, sont dans l’obligation de chercher des moyens pour dépasser les litiges qui les opposent encore et pourquoi pas à restaurer un mécanisme post-conflit afin de gérer toutes les éventualités que soient sécuritaires ou prévenir les risques à venir. Dans un monde arabe qui en proie à la désobéissance civile, les pays du Maghreb doivent faire face à la montée du discours extrémiste et regarder avec rationalité toute les possibilités de développement. Ce dernier, c’est la condition sine qua none de toute stabilité politique. A l’aune, Les répercussions de la chute du régime Kadhafi sur le devenir sécuritaire de la région du Maghreb seront désastreuses. La phase de turbulence politique que connaissent plusieurs pays de la région peut être un facteur d’instabilité pour les autres qui ont été épargné. C’est pour cela, qu’en dépit de la chute du Kadhafi, la Libye a besoin d’un soutien énorme à tous azimut pour mettre en place des institutions et des structures qui peuvent la garantir une transition vers un système démocratique. C’est le travail des pays limitrophes. Cette transition, sans aucun doute, nécessite un environnement géopolitique sain dénué de toute rivalité et antagonisme. C’est pour cette raison qu’il faut bien repenser le Maghreb dans un monde arabe en ébullition à repenser.