Belgique : Suspension de l’aide au développement au Rwanda en raison du conflit en RDC

Le Rwanda a annoncé mardi la suspension des programmes d’aide au développement belges, accusant l’ancienne puissance coloniale d’avoir pris position en faveur de Kinshasa et contre Kigali dans le conflit qui oppose les deux pays dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC).

La Belgique, ex-puissance coloniale de la RDC (anciennement Zaïre) et du Rwanda, prône une position plus ferme envers Kigali et aurait finalement mis en place des mesures anticipées, a réagi le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot. En janvier dernier, la Belgique avait notamment demandé à l’Union européenne de considérer des sanctions contre le Rwanda après que le M23 et les troupes rwandaises aient pris Goma, une grande ville et un important centre économique du Nord-Kivu. Dimanche, le groupe armé M23 et ses alliés ont également pris le contrôle de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, voisine du Nord-Kivu.

Kigali a accusé la Belgique de mener une « campagne agressive, aux côtés de la RDC, visant à saboter l’accès du Rwanda au financement du développement, y compris auprès des institutions multilatérales », selon un communiqué du ministère rwandais des Affaires étrangères. « Politiser le développement est fondamentalement inacceptable », a ajouté la diplomatie rwandaise, dénonçant des mesures qu’elle considère comme une « ingérence extérieure injustifiée ». 

Le gouvernement rwandais a conclu en annonçant la suspension du programme d’aide bilatérale 2024-2029 avec la Belgique, dont le budget s’élève à 120 millions d’euros, selon l’Agence belge de développement Enabel.

Les appels internationaux à une désescalade se sont multipliés, mais ont été largement ignorés, avec la crainte d’une guerre régionale croissante. L’Union européenne avait annoncé samedi, après un appel du Parlement européen pour suspendre un partenariat sur les matières premières avec le Rwanda, qu’elle examinerait « en urgence » toutes les options disponibles, mais aucune mesure n’a été annoncée à ce jour.

Kinshasa accuse Kigali de vouloir contrôler l’exploitation et le commerce des minerais, abondants dans le sous-sol de l’est de la RDC, et utilisés dans la fabrication de batteries et d’équipements électroniques. 

Le Rwanda dément ces accusations et affirme que sa sécurité est menacée par certains groupes armés opérant dans la région, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), composées d’anciens responsables hutus impliqués dans le génocide des Tutsis au Rwanda.