Mali : Protestation devant l’ambassade d’Algérie à Bamako après l’incident du drone

Une centaine de jeunes maliens ont manifesté mardi à Bamako devant l’ambassade d’Algérie, exprimant leur mécontentement envers les actions de leur voisin du nord, l’Algérie, suite à l’incident survenu fin mars où un drone de l’armée malienne aurait été détruit en territoire malien par les forces algériennes. Ce rassemblement a été organisé par le mouvement de la société civile « Sentinelle debout pour le Mali », dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays.

Les protestataires, accompagnés par des forces de sécurité, ont exprimé leur colère en scandant des slogans hostiles à l’Algérie, qualifiée d' »État terroriste » et d' »ingrat ». Ils ont également réaffirmé leur soutien à l’armée malienne et à l’Alliance des États du Sahel (AES), une confédération regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. 

Le rassemblement s’inscrit dans un contexte diplomatique tendu. Dimanche, les tensions entre Bamako et Alger ont conduit les deux pays à rappeler leurs ambassadeurs respectifs, une mesure de réciprocité qui a exacerbé les relations déjà fragiles entre les deux Etats. Parallèlement, chacun des deux pays a fermé son espace aérien à l’autre, marquant un point culminant dans un conflit qui dure depuis plusieurs semaines.

L’origine de cette crise remonte à fin mars, lorsque le Mali a accusé l’Algérie de détruire un drone de reconnaissance malien en violation de son territoire. Selon Bamako, une enquête interne aurait conclu avec certitude que l’attaque avait été une « action hostile préméditée » de la part du régime algérien. L’Algérie, de son côté, a fermement rejeté ces accusations, affirmant que ses données radar établissaient clairement que le drone malien avait violé l’espace aérien algérien avant d’être abattu en raison de cette intrusion. Alger a qualifié les accusations maliennes de « graves » et les a rejetées en bloc.

Cet incident survient également dans un contexte déjà tendu entre les deux pays, notamment à cause de la situation sécuritaire dans la région du Sahel. Le Mali accuse l’Algérie d’entretenir des relations trop proches avec certains groupes terroristes opérant dans la zone frontalière, exacerbant ainsi les soupçons et les tensions dans la région.

En signe de solidarité avec le Mali, les gouvernements de Ouagadougou et Niamey ont également rappelé leurs ambassadeurs à Alger dimanche dernier. Cette démarche témoigne du soutien croissant des pays de l’Alliance des États du Sahel, qui s’opposent fermement à l’ingérence étrangère dans la région et soutiennent la position du Mali face à l’Algérie.

Cette situation n’est pas un cas isolé. Depuis plusieurs années, le Mali reproche à l’Algérie de soutenir indirectement des groupes terroristes opérant dans la région, notamment en raison de la proximité géographique entre les zones de conflits maliennes et algériennes, comme dans les régions sahariennes frontalières.