Soudan du Sud : L’arrestation de Riek Machar alerte sur une possible reprise du conflit

L’arrestation du vice-président sud-soudanais Riek Machar par des forces loyales au président Salva Kiir marque une escalade préoccupante de la crise politique au Soudan du Sud, un pays encore fragile sept ans après une guerre civile dévastatrice. Selon des observateurs, cet événement pourrait précipiter le pays vers un nouveau conflit.

Les combats entre les partisans des deux hommes avaient fait près de 400 000 morts et quatre millions de déplacés entre 2013 et 2018. La situation reste tendue, avec des luttes de pouvoir, des conflits ethniques et des allégations de corruption qui minent le pays, riche en pétrole mais extrêmement pauvre.

Depuis plusieurs semaines, le comté de Nasir, dans le nord-est, est le théâtre de violents affrontements entre les forces du président Kiir et une milice accusée de soutenir Machar. En mars, l’armée sud-soudanaise a bombardé des positions rebelles, tuant au moins 20 personnes, principalement des femmes et des enfants. Peu après, Machar a été arrêté.

Officiellement, l’arrestation a été justifiée par des accusations de préparation d’une rébellion, mais beaucoup estiment que Kiir, âgé de 73 ans, cherche avant tout à assurer sa succession et affaiblir Machar. Un humanitaire basé à Juba explique que « le président Kiir n’est pas en bonne santé » et que des membres de son entourage tentent de prendre sa place.

Depuis février, plus de 20 alliés politiques de Machar ont été arrêtés, et des gouverneurs fidèles à ce dernier ont été remplacés par des soutiens de Kiir. Ces décisions unilatérales violent l’accord de paix de 2018, que le parti de Machar considère désormais comme caduc.

L’arrestation de Machar s’inscrit dans un contexte économique difficile, marqué par la chute de la production pétrolière. En 2023, la production a diminué de 140 000 à 20 000 barils par jour, en raison de problèmes d’approvisionnement liés à la guerre au Soudan voisin. La crise économique, la mauvaise gestion des ressources et les tensions sociales exacerbent encore les difficultés du pays.

Le Soudan du Sud est à un tournant crucial. La santé déclinante de Kiir, le mécontentement croissant des soldats non payés et l’impopularité de son potentiel successeur, Benjamin Bol Mel, ajoutent à l’instabilité. L’ONU et des médiateurs internationaux, comme l’ex-Premier ministre kényan Raila Odinga, tentent de désamorcer la situation, mais les experts estiment que la réponse reste insuffisante face à une situation qui menace de se dégrader rapidement.