Le Dr Wendkièta Isidore Yerbanga, jeune médecin et chercheur burkinabè, a mené une recherche pionnière en cotutelle entre l’Université Nazi Boni (UNB) et l’Université Libre de Bruxelles. Ses travaux révèlent, pour la première fois au Burkina Faso, la présence de souches résistantes d’Aspergillus fumigatus aux triazolés, les antifongiques de référence en médecine humaine.
Cette découverte soulève une inquiétude majeure en santé publique. L’aspergillose invasive, souvent mortelle chez les personnes immunodéprimées, devient plus difficile à traiter face à ces résistances. Dr Yerbanga a identifié deux mutations génétiques, dont la redoutée TR34/L98H, déjà bien connue pour sa capacité à déjouer les traitements actuels.
Problème : dans la plupart des hôpitaux africains, les antifongiques sont prescrits sans test de sensibilité préalable, ce qui compromet gravement l’efficacité des soins.
Encadré par la Professeure Sanata Bamba/Pakotogo, ce travail a été salué par un jury international composé d’experts venus de Belgique, de Côte d’Ivoire et du Burkina Faso. L’une des grandes forces de sa thèse réside dans la proposition d’une méthode simple et peu coûteuse – la diffusion sur disque – pour détecter la résistance aux triazolés, ouvrant la voie à un diagnostic accessible dans les pays à faibles ressources.
Ses recherches intègrent également une revue systématique de la situation en Afrique, estimant à 27 % la prévalence de l’aspergillose invasive, avec un taux de mortalité qui dépasse 60 %. Ces chiffres alarmants appellent à une mobilisation urgente.
Au-delà d’une réussite académique, ce travail lance un signal fort : il est impératif d’adopter une approche intégrée « One Health », qui lie la santé humaine, animale et environnementale, afin de freiner la propagation de ces agents pathogènes résistants.
