Le gouvernement burkinabè a déclaré, lundi 18 août 2025, la Mauricienne Carol Flore-Smereczniak, coordonnatrice résidente de l’ONU, persona non grata sur son territoire. Cette décision fait suite à sa responsabilité présumée dans la coprésidence d’un rapport de l’ONU accusant l’armée burkinabè de violations graves contre des enfants.
Le rapport, intitulé « Les enfants et le conflit armé au Burkina Faso », a été présenté en mars 2025 par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Il recense 2 483 violations graves commises entre juillet 2022 et juin 2024, concernant 2 255 enfants. Parmi elles, 20 % seraient attribuées aux Forces de défense et de sécurité burkinabè et à leurs supplétifs civils.
Dans un communiqué, le gouvernement burkinabè rejette fermement ces accusations, dénonçant un document “sans sources objectives, ni preuves ni justificatifs”. Il estime que ce rapport « véhicule des informations mensongères » et dénonce l’absence de documents officiels d’enquêtes ou de décisions judiciaires, pour appuyer les faits rapportés.
Ouagadougou reproche également au rapport son ton, qui, selon lui, met sur un pied d’égalité les groupes armés terroristes et les forces régulières du pays. La junte dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis septembre 2022, considère ces accusations comme une atteinte à l’engagement de ses « vaillants combattants ».
Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a rappelé que la doctrine de persona non grata ne s’applique pas aux fonctionnaires onusiens. Il a précisé que seul le Secrétaire général peut décider du retrait d’un représentant, après une enquête.
Le Burkina Faso, confronté depuis près de dix ans à une insécurité persistante liée aux groupes jihadistes, a souvent exprimé son mécontentement face à certains termes employés par les agences onusiennes, notamment “groupes armés non étatiques” ou “milices”.
Malgré cette expulsion, le gouvernement burkinabè réaffirme sa volonté de coopérer avec les Nations unies, mais avec des représentants qu’il juge “engagés dans un accompagnement vrai et sincère”.
