Soudan : La situation se dégrade après la prise d’El-Facher par les paramilitaires

Plus de 36 000 civils ont été contraints de fuir leurs foyers dans l’État du Kordofan-Nord, au Soudan, en raison des combats qui opposent l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR), des paramilitaires. Selon l’ONU, 36 825 personnes ont quitté cinq localités de la région, située à quelques centaines de kilomètres à l’est du Darfour, un autre foyer de violence dans le pays.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a confirmé dimanche l’ampleur de ces déplacements. La situation a été exacerbée par la prise d’El-Facher, dans le Darfour, par les FSR, il y a un peu plus d’une semaine, un coup dur pour l’armée soudanaise qui perdait ainsi son dernier bastion important dans la région.

Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre ouverte entre les deux principaux belligérants : l’armée soudanaise et les FSR. Ces dernières semaines, la région du Kordofan-Nord est devenue un nouveau champ de bataille stratégique. Le contrôle d’El-Obeid, capitale de l’État et centre logistique vital, est particulièrement disputé. Cette ville, avec son aéroport et sa position clé entre le Darfour et Khartoum, est un objectif crucial pour les deux camps.

Dimanche soir, un porte-parole des FSR a diffusé une vidéo affirmant que toutes leurs forces convergeaient désormais sur le front de Bara, au nord d’El-Obeid, après avoir revendiqué la prise de la ville la semaine précédente.

Le Kordofan, administrativement divisé en Kordofan-Nord, Kordofan-Sud et Kordofan-Ouest, est désormais vu comme une zone de conflit inévitable pour les deux camps. 

La secrétaire générale adjointe de l’ONU pour l’Afrique, Martha Pobee, a averti la semaine dernière que cette région pourrait devenir le prochain théâtre de violences à grande échelle. Elle a également exprimé de vives préoccupations concernant les atrocités commises par les FSR à Bara, notamment des massacres, des violences sexuelles et des représailles à motivation ethnique, qui rappellent les exactions observées dans le Darfour.

La guerre au Soudan a déjà causé des dizaines de milliers de morts et déplacé près de 12 millions de personnes, entraînant une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent. Les efforts diplomatiques pour parvenir à une trêve, menés par un groupe réunissant les États-Unis, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, sont actuellement dans l’impasse, malgré plusieurs mois de négociations.

L’ONU continue de suivre de près l’évolution de la situation, craignant que la violence ne s’intensifie encore, avec des conséquences catastrophiques pour les civils pris dans ce conflit dévastateur.