Boko Haram à l’épreuve de ses rivalités internes

Boko Haram est peut-être en train de vivre une guerre de leadership interne qui risque de l’affaiblir davantage que les coups de boutoirs que subit le groupe terroriste de la part de la coalition composée par les armées de quatre pays de la région: Nigeria, Niger, Tchad et Cameroun.

Des affrontements meurtriers opposent depuis quelques semaines deux factions rivales du groupe jihadiste dans le Nord-est du Nigeria. La lutte pour le leadership entre Abubakar Shekau et Abou Mosab Al Barnaoui, 22 ans, qui serait le fils du fondateur historique de Boko Haram, Mohamed Yusuf, serait l’enjeu de cette lutte fratricide au sein du groupe terroriste.

Victime de sa propre cruauté, Abubakar Shekau aurait été désavoué par les chefs de l’organisation Etat islamique (EI). Shekau avait prêté allégeance à Daesh en mars 2015. Boko Haram avait alors changé de nom, devenant « Province de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest ».

Mais excédés par la brutalité de Shekau contre les civils, majoritairement des musulmans, les chefs de Daesh ont considéré que les exactions de Abubakar Shekau finalement ne servaient la cause ni de Boko Haram ni, par ricochet, celle de l’EI.

C’est pourquoi, l’organisation EI a annoncé au début du mois d’août, la nomination d’Abou Mosab Al Barnaoui à la tête de Boko Haram. Depuis cette annonce, démentie par Shekau, les affrontements se sont enchaînés entre ses partisans et ceux de son rival Barnaoui. Les combats auraient fait de nombreux morts dans les deux camps, selon divers témoignages d’habitants dans l’Etat de Borno (nord-est du Nigeria).

Ainsi, devant les armées coalisées de la région auxquelles il évite de faire face directement, privilégiant plutôt les opérations kamikazes, Boko Haram doit en même temps gérer ses dissensions internes qui ne manqueront pas d’affaiblir le moral de ses combattants.

Pour les spécialistes toutefois, ces rivalités ne signifient pas la fin de Boko Haram, dont l’insurrection a provoqué depuis 2009 la mort de milliers de personnes et fait plus de 2,5 millions de déplacés dans le nord-est du Nigeria, mais aussi dans les pays voisins.