L’échec rapide d’un putsch au Bénin début décembre met en lumière l’influence croissante des pouvoirs militaires sahéliens et les tensions persistantes en Afrique de l’Ouest. Ces régimes militaires, hostiles à l’Occident et proches de Moscou, cherchent notamment à garantir un accès à la mer pour leurs pays enclavés, comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger, d’après l’AFP.
Dès le matin du 7 décembre, alors que des militaires annonçaient à la télévision de Cotonou avoir destitué le président Patrice Talon, une vague de messages pro-AES (Alliance des Etats du Sahel) a inondé les réseaux sociaux. L’influenceur panafricaniste Kemi Seba, conseiller du général Abdourahamane Tiani au Niger, a salué quasi instantanément ce qu’il qualifiait de « jour de libération ». Un mandat d’arrêt international a depuis été lancé contre lui pour « apologie de crimes contre la sûreté de l’Etat et incitation à la rébellion ».
Le meneur des putschistes, le lieutenant-colonel Pascal Tigri, est en fuite et pourrait être en sécurité dans une capitale de l’AES. Depuis l’arrivée du général Tiani au Niger en 2023, ce pays maintient sa frontière fermée avec le Bénin, accusant Cotonou d’héberger des « bases françaises » destinées à le déstabiliser, des accusations démenties.
Si le putsch avait réussi, il aurait offert à l’AES un allié côtier et un début de normalisation avec le Bénin. Mais aucun élément ne prouve à ce stade un soutien matériel ou financier direct des pays sahéliens aux mutins, ce qui illustre la stratégie de « façonnage des environnements » adoptée par Moscou en Afrique subsaharienne.
A la différence des coups d’Etat récents dans la région, la population béninoise n’est pas descendue massivement dans la rue. La garde républicaine, fidèle à Patrice Talon, a repoussé l’assaut sur sa résidence dès l’aube, avant que des frappes du Nigeria et des forces spéciales françaises ne stabilisent la situation.
Pour le président nigérian Bola Tinubu, cette crise a constitué l’occasion de réaffirmer l’opposition du Nigeria aux coups d’Etat et son rôle de leader régional. Pour l’AES, cette tentative échouée permet néanmoins d’identifier les failles des défenses adverses, sans coût politique ni matériel immédiat.
