Les Nations unies ont exhorté lundi les autorités érythréennes à procéder à la libération immédiate et sans condition de quelque 10 000 personnes détenues arbitrairement dans le pays, parmi lesquelles figurent des responsables politiques, des journalistes, des religieux et des étudiants.
Cette nouvelle mise en garde intervient après la libération récente de 13 Erythréens, détenus pendant près de 18 ans sans inculpation. Un geste qualifié « d’encourageant » par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH). « Nous appelons les autorités à relâcher toutes les personnes encore privées de liberté de manière arbitraire », a déclaré son porte-parole, Seif Magango, citant notamment les anciens hauts responsables du groupe G11, emprisonnés depuis 2001 pour avoir réclamé des réformes politiques.
La libération des 13 détenus, intervenue début décembre, a également été saluée par l’ONG Human Rights Concern-Eritrea. Parmi eux figurent un ancien champion olympique et d’ex-officiers militaires, emprisonnés pendant des années sans procès ni accès à un avocat. Selon l’organisation, certains détenus ont été enfermés dans des conteneurs métalliques à la prison de Mai Serwan, près d’Asmara, où ils ont subi des conditions extrêmes de chaleur et de froid.
Dirigée depuis son indépendance en 1993 par le président Issaias Afwerki, âgé de 79 ans, l’Érythrée est régulièrement pointée du doigt pour ses violations systématiques des droits humains. Aucune élection n’y a été organisée depuis plus de trois décennies, et le pays figure parmi les derniers du classement mondial en matière de libertés fondamentales.
Le HCDH se dit toutefois disposé à poursuivre le dialogue avec les autorités érythréennes afin de les encourager à respecter leurs engagements internationaux en matière de droits humains.
Dans un contexte diplomatique tendu, l’Erythrée a par ailleurs annoncé son retrait de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), une organisation régionale d’Afrique de l’Est. Asmara accuse le bloc de ne plus remplir son rôle en faveur de la stabilité régionale. L’Igad, qui regroupe notamment Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya et la Somalie, a exprimé ses regrets et appelé l’Erythrée à revenir sur sa décision.
