Au Kenya, l’invalidation par la Cour suprême des résultats de la présidentielle pour irrégularités, provoque autant d’espoirs du côté de l’opposition que de ressentiments dans le camp du président Uhuru Kenyatta, une situation qui menace d’une exacerbation des tensions politiques, voire d’une reprises des affrontements consécutifs à l’élection du 8 août dernier.
Le président Kenyatta avait d’abord accueilli calmement la décision de la Cour suprême, prononcée vendredi 1er septembre, suscitant des compliments unanimes au niveau international. Mais le lendemain, le chef d’Etat fraîchement réélu s’est retourné contre les juges qu’il a qualifiés d’« escrocs ». Pour lui, les magistrats ont « décidé qu’ils avaient plus de pouvoirs » que plus de 15 millions de votants kényans.
Le chef d’État kényan, dont la victoire avait été proclamée avec 54,27% des votes par la Commission électorale (IEBC), a même menacé les magistrats de changements au sein de la Cour suprême après la nouvelle élection qui doit avoir lieu avant le 31 octobre prochain.
Des menaces qui ont aussitôt déclenché une vague d’indignation dans les rangs de la magistrature du pays. Le corps de la magistrature a accusé le président Kenyatta de « dénigrer les juges de la Cour Suprême ».
De son côté, l’opposition conduite par Raila Odinga, le candidat malheureux à l’élection présidentielle du 8 août contre le président Kenyatta, s’en est violemment pris aux membres de l’IEBC, qu’il a qualifiés de tous les noms : « voleurs », « hyènes »…
En perspective de la prochaine élection, l’épreuve de force risque de se focaliser dorénavant sur l’IEBC, dont l’opposition réclame le départ des membres, alors que le président Kenyatta exclut tout changement au niveau de la Commission électorale.