Pour ceux qui comptaient sur les élections présidentielles pour sortir le Mali de l’impasse politique, le deuxième tour du scrutin a apporté une amère désillusion tant par le faible taux de participation au vote que par le rejet à l’avance par l’opposition de ses résultats.
Le candidat de l’opposition Soumaïla Cissé a ainsi accusé le camp du président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) de larges fraudes, et rejeté l’issue du vote avant même l’annonce officielle des résultats, alors que le taux de participation ne devrait guère dépasser les 30%, selon les estimations.
Soumaïla Cissé avait appelé lundi « tous les Maliens à se lever » face à ce qu’il qualifie de « dictature de la fraude », poussant l’ONU et l’Union européenne a lancer le lendemain un appel au calme.
Pour de nombreux observateurs, la faible participation au vote au second tour traduit l’ampleur de la défiance des Maliens à l’égard de la classe politique et illustre le fossé qui se creuse entre la rue et les gouvernants.
Ce rejet massif s’ajoute aux intimidations et actions de sabotage menées par des groupes djihadistes, qui ont même tué un chef de bureau de vote, dimanche près de Tombouctou, et fait planer un sentiment de peur et de doute, principalement dans le Nord et au Centre du pays.
IBK, crédité d’une grande avance dans les estimations, entrera en fonctions le 4 septembre, mais se retrouvera face à l’énorme défi de rétablir la sécurité au Mali, confronté à la menace des groupes islamistes armés qui s’étend au Niger et au Burkina Faso voisins, ainsi qu’à plusieurs pays du Sahel.