Tripoli est encore sous le choc des affrontements à l’arme lourde qui opposent des milices rivales dans la capitale libyenne, faisant depuis une semaine une cinquantaine de morts et des dizaines de blessés, et obligeant le Gouvernement d’Union national libyen (GNA), dirigé par Fayez Al-Sarraj, à décréter l’état d’urgence à Tripoli et ses environs et à demander l’intervention de l’Africom.
Profitant des affrontements, quelque 400 prisonniers se sont évadés dimanche, après avoir forcé les portes de la prison d’Aïn Zara, dans le sud de Tripoli.
Le GNA compte sur une réunion cette semaine dans la ville de Zaouia (Ouest), entre les diverses parties afin de convenir d’arrangements de sécurité, notamment l’entrée à Tripoli d’une force neutre des régions du Centre et de l’Ouest.
L’objectif de cette force sera de s’interposer entre les groupes armés rivaux pour faire respecter le cessez le feu et établir une zone tampon. Toutefois, l’accord du cessez-le-feu annoncé vendredi est perturbé par des échanges de tirs à l’arme lourde, signe que les milices rivales restent le doigt sur la gâchette.
Samedi, Washington, Londres, Paris et Rome avaient condamné les violences, estimant que ces tentatives visant à « affaiblir les autorités légitimes libyennes et à entraver le processus politique sont inacceptables ».
L’affaiblissement de l’autorité du gouvernement de Tripoli présidé par Fayez Al Sarraj, est l’occasion rêvée pour le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est de la Libye, de faire avancer ses pions.
A la tête de l’ANL, l’armée libyenne autoproclamée, le controversé maréchal se positionne comme l’unique force capable d’affronter les groupes armés à Tripoli. Les derniers affrontements illustrent d’ailleurs l’ampleur de la force acquise par les milices armées depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011.
Une puissance que les groupes les plus lourdement armés comptent faire valoir lors des futures négociations pour le partage du pouvoir, alors que le plan de stabilisation piloté par l’ONU peine à se mettre en place.