La capitale française a abrité, mardi, la première session du dialogue stratégique entre la France et la Commission de l’Union africaine (UA) qui a été consacrée notamment à l’examen de questions ayant trait à l’intégration régionale et aux enjeux multilatéraux.
Au cours de cette session, annoncée par le président français et le président de la Commission de l’UA le 13 mars dernier à Addis-Abeba, les deux parties ont évoqué les situations au Soudan, en République centrafricaine, dans le Sahel, dans le bassin du lac Tchad et en Somalie ainsi que la lutte contre le terrorisme, les trafics et les migrations irrégulières.
Dans une Déclaration conjointe publiée à l’issue de la session, le ministre français de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, sont convenus, sur l’ensemble de ces sujets, de la pertinence de la coopération et des consultations entre l’Organisation panafricaine et ses partenaires bilatéraux et multilatéraux, en particulier l’Organisation des Nations unies (ONU) et l’Union européenne (UE).
«Les deux parties ont convergé vers l’importance de poursuivre la recherche d’un financement prévisible et durable des opérations de paix sous mandat de l’Union africaine et du Conseil de sécurité des Nations unies», indique la Déclaration dont a rendu compte la porte-parole du Quai d’Orsay dans un point de presse électronique.
Elles ont également «insisté sur l’importance de poursuivre leur coordination sur les questions multilatérales de désarmement et de non-prolifération, de protection des droits de l’Homme et de justice pénale», ajoute la même source.
Le Drian et Faki Mahamat ont exprimé aussi «leur vive préoccupation face à la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel, marquée par l’extension de la menace terroriste et par la multiplication des violences intercommunautaires», marquant leur solidarité avec les pays affectés.
S’agissant de la situation au Soudan qu’elles ont «longuement évoquée», les deux parties ont exprimé leur «forte préoccupation» et réitéré leur «ferme condamnation» des violences commises en particulier le 3 juin dernier à Khartoum ayant fait de nombreux morts parmi les populations civiles.
A cet égard, indique la Déclaration conjointe, «la partie française salue la demande du Conseil de paix et sécurité de l’UA adressée au président de la Commission de l’UA en vue de conduire une enquête sur les événements sanglants du 3 juin au Soudan en concertation avec les acteurs concernés, notamment l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples».
«La partie française a apporté son plein appui aux efforts de l’UA en concertation avec l’IGAD en vue d’une reprise immédiate des négociations pour la mise en place sans délai d’une autorité transitoire dirigée par des civils notamment les décisions pertinentes du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA, y compris la suspension du Soudan des instances de l’UA», ajoute le texte de la Déclaration.
«La France soutient toutes les initiatives que prendra l’UA pour avancer vers un règlement politique de la crise et une transition pacifique et civile et exprime sa volonté de travailler avec ses partenaires de l’Union européenne en ce sens», poursuit-il.
Le ministre français et le président de la Commission de l’UA ont salué, d’autre part, «l’entrée en vigueur historique», le 30 mai dernier, de l’accord établissant la zone de libre-échange continentale africaine.
Le Drian a affirmé, à cet égard, la volonté de la France de soutenir sa mise en œuvre, y compris avec l’Union européenne (UE), affirme la Déclaration en soulignant que la France, via l’Agence française de développement (AFD), va financer à hauteur de deux millions d’euros une facilité pour l’expertise technique sur des sujets d’intervention prioritaires comme l’intégration économique régionale.
Les deux parties ont rappelé, par ailleurs, la contribution des organisations régionales, en particulier de l’UA, dans la défense du multilatéralisme.
Elles ont ainsi décidé de renforcer leur concertation dans les forums internationaux, dans le cadre du partenariat stratégique entre l’UE et l’UA, du Sommet du G7 de Biarritz d’août 2019, du Sommet sur l’action climatique de septembre 2019, et du Sommet Afrique-France de juin 2020 consacré aux villes durables.
S’agissant des questions environnementales, en particulier la lutte contre le réchauffement climatique et la lutte pour le respect de la biodiversité, il a été jugé nécessaire d’intensifier les démarches pour rehausser l’ambition des contributions nationales dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de Paris et d’accroître les efforts en faveur du développement des énergies renouvelables, via l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (AREI), l’Alliance solaire internationale.