Une vingtaine d’armées européennes sont présentes au Sahel, certaines au sein de la force de maintien de la paix des Nations unies (Minusma) ou dans le cadre de la mission de formation de l’armée malienne EUTM Mali, et d’autres aux côtés de l’opération Barkhane, qui mobilise 4.500 militaires.
Malgré la présence de ces forces armées et la présence des forces américaines, les zones du Sahel et riveraines du lac Tchad restent actuellement incontrôlées sur le plan sécuritaire.
Ces régions, qui échappent au contrôle des forces africaines, françaises et de l’ONU, sont le théâtre d’une recrudescence d’attaques des groupes jihadistes se mêlant le plus souvent à des conflits intercommunautaires.
Le groupe terroriste Boko Haram, dans le nord-est du Nigeria, a fait des milliers de morts et de déplacés dans ce pays, et a gagné le Niger, le Tchad et le Cameroun voisins.
Les shebab contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides en Somalie.
Récemment, le chef d’état-major des armées françaises, le général François Lecointre, a estimé que les pays du Sahel s’effondreraient « sur eux-mêmes » et que le « terrorisme » y deviendrait incontrôlable sans l’appui de la force française Barkhane.
« Si on n’est pas là, si on part demain et si avec les Européens qui nous accompagnent dans la gestion de cette crise très grave nous n’agissons pas, ces pays s’effondreront sur eux-mêmes, le terrorisme s’y développera de façon incontrôlée, pourra éventuellement gagner et s’exprimer ensuite en France et en Europe et par ailleurs on connaîtra des phénomènes de migration absolument phénoménaux », a-t-il déclaré sur la chaîne d’information CNEWS.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lui estimé que la force conjointe antijihadiste du G5-Sahel ne suffirait pas à enrayer la progression du terrorisme en Afrique de l’Ouest et s’est dit prêt à soutenir toute nouvelle initiative des dirigeants africains.
« Malheureusement, nous constatons que le terrorisme progresse » dans l’ouest du continent, a déclaré M. Guterres devant la presse, à l’ouverture d’une conférence de deux jours dans la capitale kényane sur la lutte contre le terrorisme en Afrique.
« Ca a commencé au Mali, puis c’est allé au Burkina Faso, au Niger et maintenant, quand on parle avec les présidents du Ghana, du Bénin, du Togo et de Côte d’Ivoire, ils vous disent que le terrorisme arrive à leurs frontières. Ce qui veut dire qu’il est essentiel que les forces africaines en charge du contreterrorisme aient le mandat et le financement adéquats », a expliqué M. Guterres.
M.Guterres a dit regretter de n’avoir pas réussi à faire placer le G5-Sahel sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies, comme l’ont plusieurs fois réclamé ses États membres (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad).
Le chapitre VII permet un recours à des sanctions, voire à la force. Son activation faciliterait le financement du G5-Sahel et pourrait le transformer en force onusienne.
Le problème du terrorisme au Sahel ne peut être réglé ou résolu uniquement par les armes. Ce terrorisme se nourrit et se développe dans la misère, la gouvernance, la spoliation des richesses naturelles avec l’aggravation des sécheresses de ces régions.