Il y a un an, plus de 500 personnes ont été tuées dans des attaques ethniques. Les autorités de la République Démocratique du Congo (RDC), n’ont pas traduit en justice les responsables des massacres commis contre les membres de l’ethnie banunu dans le territoire de Yumbi il y a un an.
Les 16 et 17 décembre 2018, des centaines d’assaillants de l’ethnie batende ont tué au moins 535 personnes et en ont blessé 111 autres, même si le bilan réel est très probablement bien plus élevé. Les assaillants ont aussi endommagé, détruit et pillé plus de 1 500 maisons ainsi que des centres de santé, des écoles et des lieux de vote, d’après des témoins, les Nations Unies et le gouvernement congolais.
Les autorités judiciaires militaires congolaises ont ouvert des procédures préliminaires, mais celles-ci ne sont pas accessibles au public et le statut des enquêtes est inconnu.
Human Rights Watch a enquêté sur les massacres dans le territoire de Yumbi dans le nord-ouest du pays et dans la sous-préfecture de Makotimpoko, au Congo-Brazzaville, en février et a interrogé plus de 100 personnes, y compris des survivants, des témoins, des policiers, du personnel militaire et des représentants du gouvernement.
La cause apparente des violences était l’enterrement secret d’un chef coutumier banunu sur des terres privées revendiquées par les Batende la nuit du 14 au 15 décembre 2018, selon les indications des leaders batende et d’un rapport de l’ONU. La région a longtemps été le théâtre de rivalités entre les deux groupes concernant les droits fonciers coutumiers.
Des centaines de villageois batende, y compris des soldats démobilisés et à la retraite, ont attaqué la ville de Yumbi le 16 décembre et les villages de Nkolo II et Bongende, plus au sud, le 17 décembre.
De nombreux attaquants étaient torse nu, portaient des feuilles de bananiers autour de la taille, avaient le visage noirci de cendres et portaient d’autres accessoires vestimentaires considérés comme ayant des propriétés magiques. Certains étaient armés de fusils de chasse ou d’armes automatiques, alors que d’autres portaient des machettes, des couteaux, des lances de pêche, des haches, des arcs avec des flèches et des bâtons.
Les assaillants ont parfois mutilé et défiguré leurs victimes, y compris des femmes et des enfants, et ont emporté des parties de corps avec eux.
Environ 16 000 personnes de la zone de Yumbi ont fui vers la République du Congo (Congo-Brazzaville), à environ quinze kilomètres de l’autre côté du fleuve Congo. Un an plus tard, près de la moitié sont rentrées en RD Congo. Près de 20 000 autres ont été déplacées à l’intérieur du pays.
Le Groupe d’experts de l’ONU, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme ainsi que le gouvernement dans deux rapports ont conclu que les leaders batende locaux ont planifié et organisé les attaques. De plus, deux rapports confidentiels que Human Rights Watch a consultés, l’un du gouvernement et l’autre de l’armée, ont également indiqué que des leaders locaux ont aidé à la planification et à l’exécution des attaques.
Les tensions dans le territoire de Yumbi découlent en partie d’une décision de 1943 de l’administration coloniale belge qui a donné aux Banunu une partie des terres auparavant contrôlées par les chefs coutumiers Batende.