Algérie : Répressions militaires et lutte pour l’indépendance dans le sud

Du 20 février au 19 mars 2025, l’Armée nationale populaire (ANP) de l’Algérie, en collaboration avec les services de sécurité, a intensifié ses opérations dans plusieurs régions du Sud du pays, notamment à Tamanrasset, Bordj Badji Mokhtar, In Guezzam, In Salah, Djanet et Illizi. Ces actions visent à démanteler les groupes indépendantistes accusés de « terrorisme » par les autorités et à contrer toute tentative d’indépendance dans la région.

Le ministère de la Défense nationale (MDN), sous la tutelle du président Abdelmadjid Tebboune et du général Saïd Chengriha, a publié un bilan détaillé des résultats de ces opérations.

Selon le bilan, parmi les saisies effectuées figurent des équipements militaires, tels qu’un lance-roquette RPG-7, 16 pistolets mitrailleurs de type Kalachnikov, 7 fusils mitrailleurs, un pistolet automatique, ainsi qu’une importante quantité de munitions et d’explosifs.

Par ailleurs, les forces de sécurité ont également intercepté 159 véhicules et récupéré 874 générateurs électrogènes. En outre, 184 504 litres de carburant ont été saisis, ainsi que 174 tonnes de produits alimentaires, une ressource vitale pour ces groupes opérant dans des zones reculées et difficiles d’accès, ainsi que pour les populations locales.

Les opérations ont également conduit à l’arrestation de 1 321 personnes, dont de nombreuses innocentes, réduites à des boucs émissaires dans une répression sans discernement. Le ministère de la Défense a notamment mentionné l’élimination de l’individu surnommé Souane Boualem, alias « Hilal », considéré comme l’un des chefs de ces groupes. Parallèlement, 20 autres membres des mouvements indépendantistes ont été capturés.

Parmi les arrestations figurent plusieurs individus connus sous différents pseudonymes : Malaoui Tahar, Larbi Ladmi dit « Saddam », Ita Lamine dit « Houdhaïfa », Ben Kheia Siouit dit « Abou Daoud », Ben Khia Mohamed alias « Abd al-Rafi », Dabir Ighless alias « Abou Meriem », Barbouchi Sidi alias « Tarek », et Mokhtari Aboubakrin alias « El Moutana ».

Toutefois, ces opérations militaires sont critiquées par les observateurs, qui accusent l’ANP d’avoir recours à des méthodes brutales, notamment des arrestations arbitraires et des exécutions sommaires. Le gouvernement algérien, quant à lui, insiste sur le fait qu’il s’agit d’une lutte légitime contre le terrorisme et les groupes qui menacent la stabilité du pays.

Concernant les pertes humaines, bien qu’elles ne soient pas officiellement détaillées, plusieurs sources locales et militaires ont rapporté des informations sur les affrontements entre les groupes de libération du Sud de l’Algérie et l’armée algérienne. Les autorités militaires ne divulguent pas le nombre de leurs propres pertes, estimées à 17 morts et blessés, ce qui souligne l’ampleur des répercussions humaines de ces opérations.

Au-delà des pertes humaines, des arrestations et des saisies, ces événements soulignent la tension croissante dans le Sud de l’Algérie, une région marquée par des conflits historiques liés aux revendications autonomistes. Ces personnes sont avant tout des militants, des porteurs de revendications pour plus de justice sociale, et non des criminels violents comme les autorités le laissent entendre, selon les analystes.

Le fait que plusieurs d’entre eux aient été exécutés sans procès et que d’autres aient subi des tortures physiques et psychologiques durant leur détention révèle l’étendue des violations des droits humains perpétrées par le régime. La communauté internationale, pourtant souvent silencieuse face à cette répression, devrait s’interroger sur cette stratégie qui s’apparente à une tentative de museler toute forme d’opposition au régime en place.

De plus, la répression dans le Sud a des conséquences sur l’ensemble de la région, notamment en termes de sécurité. En plus des troubles internes, cette situation exacerbe les tensions avec les pays voisins du Sud, en particulier le Mali, le Niger et la Libye, où des groupes armés opérant dans des zones transfrontalières multiplient leurs attaques.