Emploi : le casse tête sahélien

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2009 s’annonce difficile et augure de mauvaises nouvelles en raison de la crise mondiale qui frappe de plein fouet tous les pays de la planète sans discernement. Les rapports se succèdent et se ressemblent en dressant un tableau très sombre et alarmiste des perspectives d’avenir de l’économie mondiale.

Le rapport de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) sur l’emploi ne déroge pas à la règle. Il  tombe comme un couperet et broie aussi du noir. En effet, il semble que l'hydre planétaire du chômage s’empare davantage du monde et assombrisse les horizons. Selon le dernier rapport de l’OIT, la crise économique mondiale va se traduire en 2009 par une augmentation considérable, dans le monde, du nombre de chômeurs, des travailleurs pauvres et des personnes en situation d’emplois vulnérables.
En 2009, la proportion de travailleurs en situation d’emploi vulnérable, c’est-à-dire ceux qui travaillent soit à leur propre compte, soit comme travailleurs familiaux non rémunérés, avec un risque plus élevé de se retrouver sans protection sociale en période de difficultés économiques, augmenterait considérablement pour atteindre près de 53 % de la population active possédant un emploi. L’OIT estime que la crise économique laisserait sur le carreau plus de 210 millions de salariés en 2009.
A l’instar des autres pays africains, les pays du Sahel sont confrontés, et à des degrés différents, à des difficultés économiques dont l'une des conséquences majeures est l'accroissement du phénomène de la pauvreté à cause des problèmes de chômage et de sous-emploi qu'elles engendrent. Ils comptent les plus fortes proportions de travailleurs pauvres et extrêmement vulnérables. Dans ce cadre, l’OIT estime que la croissance économique dans la région n’a pas été assez importante pour créer des emplois susceptibles de répondre aux besoins d’une population jeune qui s’accroît plus vite.
La croissance rapide de la démographie a fortement accentué la problématique de l'emploi dans les pays de la région. La dynamique démographique qu’a connue la région a bel et bien contribué à façonner aussi bien le volume, la structure que la répartition et l'évolution de la main d'œuvre. Les phénomènes de chômage et de sous-emploi dus principalement aux fermetures d'entreprises, à la précarisation des emplois dans le secteur industriel et à la limitation importante des recrutements dans la fonction publique, entraînent fatalement et à grande échelle un accroissement de la pauvreté.
L’analyse de la situation de l’emploi dans la région du Sahel montre que l’absence de travail demeure un facteur majeur et gravissime de risque de pauvreté, en plus du manque d’alimentation et des maladies.
Par ailleurs, l’économie informelle joue encore un rôle prépondérant dans l’insertion, la génération de revenus et la satisfaction des besoins fondamentaux de la majorité écrasante de la population, particulièrement en milieu urbain. Cet état de fait ne manque pas d’augmenter les risques de vulnérabilité et de paupérisation extrême des populations.
En outre, la lancinante question du travail des enfants dont la portée et l’ampleur s’aggrave de plus en plus constitue une véritable menace qui risque d’hypothéquer durablement et de façon irréversible l’avenir des pans entiers de la population dans la zone.
Devant l’ampleur et la gravité des problèmes de chômage et de sous-emploi qui freinent considérablement le développement socio-économique des pays de la région, il est très urgentissime d’entreprendre des actions concrètes et efficaces pour soutenir les populations les plus vulnérables sur le marché du travail notamment les jeunes et les femmes. Des efforts soutenus restent à déployer pour abolir notamment le travail des enfants et lutter efficacement contre la traite des enfants qui ne cesse de prendre des dimensions alarmantes.
C’est en donnant à chacun la chance d’avoir un emploi décent grâce à l’investissement productif et des politiques actives sur le marché du travail que l’on peut agir positivement sur la croissance économique et le développement et améliorer par conséquent les conditions de vie des populations sahéliennes.