En Algérie, l’armée a tiré les conséquences de l’impasse dans laquelle se trouve le régime en poussant le président Abdelmadjid Tebboune à jouer le rôle de pompier, alors que ce dernier peine à installer sa propre légitimité.
L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue d’élections anticipées reflète l’ampleur de la crise, où l’armée et la rue se regardent en chiens de faïence.
L’angoisse du général Said Chengriha, chef d’état-major de l’armée et véritable homme fort du pays, est à mettre d’abord dans le contexte du 2e anniversaire du Hirak, le 22 février. Un anniversaire au souvenir amère pour le pouvoir, tant il avait malmené tout le régime, de la chute humiliante du président Abdelaziz Bouteflika à l’enclenchement de règlements de comptes impitoyables à la tête de l’armée.
C’est cette fébrilité du régime qui explique probablement le ton conciliant avec lequel s’est adressé le président aux Algériens. « Le Hirak béni a sauvé l’Algérie », a dit Abdelmadjid Tebboune avec grande complaisance, annonçant dans la foulée sa grâce présidentielle pour des dizaines de détenus du mouvement de contestation populaire.
Le président n’a surtout pas oublié les jeunes, véritable dynamo du Hirak qui continue de donner des sueurs froides au pouvoir, en prétendant « ouvrir ses portes à la jeunesse ».
En politique internationale, comme pour répandre un voile de fumée sur les échecs de la diplomatie algérienne, Tebboune s’est fendu d’un incroyable « Hamdoulilah, nos efforts n’ont pas été vains » dans le règlement de la crise libyenne. Un satisfecit pourtant cruellement démenti par les faits.