La faim et le devoir de la communauté internationale

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Il semble que l’on s’achemine vers un scénario catastrophique si la tendance haussière de la part des populations affamées persiste encore. En effet, la situation de la faim et de la pauvreté dans le monde va de mal en pis et augure de sombres perspectives.

Nul ne saurait ignorer que la baisse substantielle de l'aide et des investissements dans l'agriculture est derrière la hausse sans précédent de la malnutrition dans le monde. Cette fâcheuse tendance se répercutera inéluctablement sur le premier objectif millénaire du développement visant une réduction du nombre d'affamés par deux, d'ici 2015. Un objectif qui demeure inaccessible à cause du manque d’une volonté réelle et de l'engagement financier nécessaire de la part de la communauté internationale.
Ce constat amère a été  démontré par l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture(FAO), qui vient de publier un rapport très alarmant sur la faim et la pauvreté dans le monde. Ce rapport recense plus d’un milliard de personnes souffrant de la faim dans le monde. En effet, pour la première fois depuis 1970, le seuil critique et historique du milliard de personnes malnutries vient d’être malheureusement dépassé en 2009. Ce chiffre record montre la gravité de la situation qui s’empire d’année en année.
La faim frappe de plein fouet les pays les plus pauvres et les populations les plus démunies qui sont confrontées à des situations extrêmement vulnérables voire dramatiques. Il est évident que l’on va assister de plus en plus à des émeutes de la faim dans plusieurs régions du globe causant des troubles allant jusqu'à la déstabilisation des Etats et au basculement des équilibres mis en place.  
On peut expliquer ce chiffre record par deux facteurs majeurs. Le premier facteur tient aux répercussions néfastes de la crise alimentaire et le deuxième est celui de la crise économique sans précédent. Il faut dire que la crise économique mondiale a anéanti une kyrielle de grandes firmes multinationales aux reins jusque là solides. Elle a aussi malmené même les Etats les plus développés qui sont devenus beaucoup plus vulnérables en déclenchant une spirale d’une décadence financière et d’une récession économique.
Au même titre que les autres pays pauvres de la planète, les pays du Sahel se trouvent, eux aussi, pauvreté extrême et problèmes structurels aidant, confrontés directement à cette problématique majeure qui plombe lourdement leur développement.  
Jamais auparavant la réforme du système alimentaire mondial n’a été aussi urgentissime. La gravité de la situation et la fragilité du système alimentaire mondial ont poussé le Directeur Général de la FAO à appeler les dirigeants à prendre des mesures urgentes et efficaces contre la faim, la pauvreté et la crise financière mondiale. Dans un appel lancé à la communauté internationale à l'occasion de la tenue du Sommet de l'ONU, à New York, la FAO exhorte les chefs d'Etat et de gouvernement à tenir leur engagement pour la réduction de moitié du nombre de sous-alimentés dans le monde d'ici à 2015. Elle appelle également les gouvernements ainsi que les opérateurs du secteur privé à fournir des efforts financiers conséquents et appropriés et à multiplier les actions et les initiatives de manière à réduire la faim grâce au développement rural et à la réduction de la pauvreté dans les zones rurales tout en renforçant, dans le même temps, l'accès direct des plus vulnérables à la nourriture.  
Selon le rapport de la FAO sur la faim dans le monde, la majorité écrasante des populations souffrant de la faim se trouve dans les pays en développement. Leur nombre est estimé à 642 millions en Asie et dans le Pacifique. En deuxième position vient l’Afrique subsaharienne avec un chiffre de l’ordre de 265 millions, puis l’Amérique latine et les Caraïbes avec 53 millions, et enfin le Proche-Orient et l’Afrique du Nord avec 42 millions. Ce rapport a identifié seize pays comme étant les plus vulnérables de la planète, dont plus de la moitié se trouve en Afrique, avec environ 218 millions de personnes, soit l’équivalent de 30% de la population totale, qui souffriraient de faim chronique et de malnutrition. Il s’agit de la Somalie, de l’Afghanistan, de l’Ethiopie, de l’Irak, de l’Erythrée, du Soudan, d’Haïti, du Burundi, de la République démocratique du Congo, du Libéria, de l’Angola, de la Mongolie, de la Corée du Nord, de l’Ouganda, du Tadjikistan et de la Géorgie.
Face à cette recrudescence de la faim qui gagne le monde et qui va en s’aggravant, il s’avère très urgent d’accorder une importance cruciale à l’augmentation de la production alimentaire et à l’accroissement des aides octroyées aux pays pauvres. Il est temps que les pays riches du Nord s’investissent davantage dans la lutte contre la faim et la pauvreté en ayant une volonté ferme pour faire face à ce fléau.
Le développement de l’agriculture va permettre non seulement de combattre la faim et la pauvreté mais également de prévenir contre les conflits et les tensions qui pourraient survenir. Il va contribuer à la croissance économique en assurant les conditions propices à une vie décente synonyme de paix et de stabilité. La communauté internationale est appelée, et plus que jamais, à adopter des mesures vigoureuses, concrètes et efficaces pour combattre la faim et venir en aide aux pays les plus exposés à ce phénomène.