L’enlèvement récent des cinq ressortissants français travaillant pour Areva au nord Niger est devenu le nouveau cauchemar de Nicolas Sarkozy. Ce dernier, qui s’est souvent positionné comme partisan d’une doctrine « dure » à l’égard des kidnappeurs –« no negociations with terrorists »- se trouve désormais dans une position extrêmement délicate du fait de cette posture rigide qui voudrait que la France ne verse pas de rançons. Cependant, au-delà de ce rigorisme de façade, il est utile de rappeler que la France, lors du piratage du « Ponant » au large des côtes somaliennes, avait payé une rançon substantielle avant d’aller poursuivre les pirates somaliens onshore et d’en récupérer une bonne partie. Cette opération a d’ailleurs fait l’objet d’un super-reportage ultra médiatisé et supervisé par le château, où l’on voyait des images exclusives tournées par la DGSE, le renseignement extérieur français.
Or, depuis l’épisode-glorieux- du Ponant, il ya eu l’exécution présumée de l’otage Michel Germaneau le raid franco-mauritanien catastrophique contre une micro-unité d’AQMI, et tous les cafouillages qui s’en sont suivis. Aujourd’hui, du fait de l’avantage de terrain des services algériens, et la connaissance de ces derniers du mode opératoire de l’ex GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat ) , Nicolas Sarkozy et les structures de forces françaises se trouvent prises dans un étau sahélien dont il est difficile d’imaginer le dénouement. Tributaire des algériens avec lesquels la relation politique est pour le moins dégradée et auxquels Paris ne fait pas confiance, Sarkozy veut croire qu’il sera possible de trouver une issue en utilisant d’autres relais. Grâce à un informateur malien, les Français sauraient désormais où sont les cinq otages français enlevés à la mi-septembre à Arlit (nord du Niger), en compagnie d’un Togolais et d’un Malgache, travaillant pour les sociétés françaises Areva et Satom (groupe Vinci). Ils se trouveraient dans le Timétrine, au nord-est du Mali. Les hommes de l’Elysée qui privilégient cette fois-ci de négocier plutôt que de mener une action militaire à haut risque, assurent que les pourparlers ne sont pas encore engagés. Paris attend un signal d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) pour établir le contact en vue de connaitre les revendications des ravisseurs. Dès vendredi, le ministre de la Défense, Hervé Morin avait annoncé la couleur de cette démarche, en déclarant que la France espérait « pouvoir entrer en contact avec Al Qaïda ». Le lendemain, il affirmait qu’il y avait toutes les raisons de penser que les Français retenus par AQMI étaient encore en vie. De son côté, le chef d’état-major des armées, Edouard Guillaud a tenu à assurer que pour l’instant, aucune opération militaire n’était envisagée. Les auteurs de l’enlèvement, membres d’une Katiba d’Aqmi, ont revendiqué le rapt en précisant qu’ils feraient parvenir ultérieurement à la France, des « demandes légitimes », comprenez par là, la libération de djihadistes détenus par des pays du Sahel et une forte rançon, la recette d’AQMI étant désormais connue. A ce stade, il est quasi certain que Paris ne relâchera pas le cerveau présumé des attentats de Saint-Michel en 1995, Rachid Ramda, qui était l’objet des revendications d’AQMI lors des négociations pour la libération de Michel Germaneau.