Le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, visé par deux plaintes pour « tortures » et « génocide », a commencé à être entendu mardi par la justice en Espagne.
Hospitalisé depuis le mois d’avril à Logroño pour des complications liées au Covid-19 sous une fausse identité algérienne (Mohamed Benbettouche), Brahim Ghali est interrogé en visioconférence de l’hôpital par un juge du haut tribunal madrilène de l’Audience nationale.
Cette audition fait suite à une plainte « pour arrestation illégale, tortures et crimes contre l’humanité » déposée en 2020 par Fadel Breika, dissident du Front Polisario naturalisé espagnol, qui affirme avoir été victime de « tortures » dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en Algérie. Classée, cette plainte a été rouverte en début d’année.
Le deuxième dossier sur lequel est entendu Brahim Ghali, lui aussi précédemment classé, est une plainte déposée en 2007 par l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (ASADEDH) pour « génocide », « assassinat », « terrorisme », « tortures » ou « disparitions », dans les camps de Tindouf.
Les premières déclarations des victimes suite à la comparution, ce mardi devant l’Audience nationale espagnole:
Fadel Breica (enlevé et torturé par le polisario entre le 18 juin et le 10 novembre 2019): « La comparution aujourd’hui devant la justice de ce criminel de guerre qui a torturé et assassiné des centaines de personnes est une victoire pour ses victimes qui réclament que justice soit rendue. Le fait que le dénommé Brahim Ghali, responsable de graves crimes pendant 50 ans, soit sur le banc des accusés constitue un pas en avant vers le rétablissement de la justice. Cette comparution n’est que le début d’un procès qui atteindra également les autres dirigeants de la bande séparatiste du polisario. Nous avons confiance en l’indépendance de la justice espagnole qui prendra les mesures adéquates pour que ce criminel réponde de ses actes abjects ».
Pedro Ignacio Altamirano (victime de menaces de mort proférées par le polisario) : « La comparution du tortionnaire dénommé Brahim Ghali n’est que le début pour rendre justice aux victimes d’un groupe terroriste impliqué dans des actes de génocide et de torture. Cette affaire doit ouvrir la voie au jugement des autres criminels de la direction du polisario qui sont les responsables des crimes commis contre les dissidents, mais aussi contre la population installée dans les camps de Tindouf dans des conditions infrahumaines ».
Dahi Aguai (ancien détenu du polisario) : « La comparution du chef des milices du polisario pour la première fois devant la justice espagnole est une bonne nouvelle pour les victimes de ce tortionnaire. Elle est le résultat de plusieurs années d’efforts acharnés pour rendre justice aux victimes et jeter lumière sur les graves crimes commis par ce repris de justice.
Il s’agit d’une évolution importante dans ce processus visant à faire connaître devant l’opinion publique et la justice espagnoles le vrai visage de ce criminel. Nous avons confiance en l’indépendance de la justice espagnole pour que le dénommé Brahim Ghali soit jugé ».