Kano (Nigeria), 20 juin 2019 (AFP) – Iswap et Boko Haram, deux factions jihadistes rivales dans le nord-est du Nigeria, ont démontré en l’espace de 24 heures, lors de deux nouvelles attaques spectaculaires, des modus operandi radicalement différents, même si les stratégies des uns et des autres peuvent encore évoluer, selon des experts.
D’un côté, le triple attentat-suicide de dimanche soir contre des supporters de football, qui a fait au moins 30 morts et 40 blessés à Konduga (Etat du Borno), portait clairement la marque du leader historique de Boko Haram, Abubakar Shekau.
Ce dernier est connu pour recourir aux kamikazes – surtout des femmes et des enfants – lors d’attaques sanglantes visant des lieux publics et pouvant faire un maximum de victimes civiles.
De l’autre, la base militaire de Gajiram (Borno) mise à sac, ses occupants en déroute, face à des combattants lourdement armés et aux méthodes de plus en plus sophistiquées: une attaque comme l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) en a mené des dizaines depuis un an dans la région du lac Tchad.
Autrefois rassemblées sous le label unique « Boko Haram », qui a lancé il y a dix ans une insurrection visant à établir un califat islamique dans le nord du Nigeria, les deux factions ont divorcé à l’été 2016.
L’Iswap d’Abou Musab Al Barnaoui – leader tombé depuis en disgrâce -, fut adoubé par le groupe Etat islamique, signifiant la mise à l’écart de Shekau, à la personnalité tyrannique contestée en interne et aux méthodes jugées trop brutales à l’égard des civils musulmans.