Alain Juppé se rend le 15 juin à Alger pour le premier déplacement d’un chef de la diplomatie française à Alger depuis 2008. Mais loin de chercher à remuer les traditionnels sujets de frictions franco-algériens, il n’a qu’un sujet en tête qui le tourmente réellement, celui des otages français retenus par AQMI quelque part au Sahel.
Le ministre des affaires étrangères français est parfaitement conscient des connexions entretenues par le puissant DRS, les services des renseignements militaires algériens, avec certains émirs d’AQMI. Selon des sources françaises bien informées, Alain Juppé a préféré suivre cette piste sachant que les hauts gradés du DRS ont toujours gardé un doigt dans les groupes d’Al Qaïda au Maghreb Islamique. D’autant que l’essentiel des effectifs djihadistes opérant dans la zone sahélo-saharienne est formé d’anciens combattants du GSPC algérien. Le recours des français aux intermédiaires algériens semble avoir été opéré après que les négociations avec les ravisseurs des otages eurent débouché sur une impasse. Les groupes terroristes sont particulièrement intransigeants sur le montant de la rançon, qui se monterait à quelque 90 millions d’euros. Quatre otages français sont toujours entre les mains des groupes terroristes d’AQMI. En tout, les combattants affiliés à Al Qaïda avaient enlevé, en septembre 2010 dans la ville nigérienne d’Arlit, cinq français, un togolais et un malgache qui travaillaient pour la société française d’extraction d’uranium AREVA. Mais seuls trois otages ont été relâchés depuis.
Prudent, Alain Juppé a préféré faire jouer les « circuits parallèles ». Il ne souhaite surtout pas reproduire le scénario de l’opération franco-mauritanienne de juillet 2010 au Mali contre des groupes djihadistes d’Aqmi. La sanglante attaque avait presque décimé la katiba de l’algérien Yahya Abou Hamame, mais provoqué la colère des généraux algériens contre l’intervention militaire française dans ce qu’ils considèrent leur zone d’influence.