La confusion totale règne depuis mercredi au Mali, où le régime d’Amadou Toumani Touré (TTA) a été renversé par des militaires qui affirment s’être mutinés contre l’incompétence du président malien.
Tout a commencé la matinée de mercredi, dans un camp militaire de Kati, ville-garnison située à 15 km de Bamako, où un groupe de soldats mécontents de la mauvaise gestion par le président et ses collaborateurs, de la guerre contre les rebelles touaregs de retour du front libyen et contre les bandes armées du réseau terroriste Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) au Nord du Mali. Les mutins expliquent aussi leur coup par le manque de moyens en armements et en logistique mis à leur disposition par le régime renversé.
Les mutins ont ensuite pris d’assaut la capitale Bamako, où ils ont investi les locaux de la radio et de la télévision, publiques (ORTM), avant d’encercler le palais présidentiel à Koulouba, sur une des collines surplombant Bamako. A la grande surprise des mutins, le président Amadou Toumani Touré et ses proches collaborateurs ainsi que les hauts officiers de sa garde présidentielle avaient déjà déserté les lieux. Seuls certains membres du gouvernement ont été appréhendés et mis en résidence surveillée. Un diplomate bien introduit à Bamako, nous a confié que dès les premières heures de la mutinerie, le président TTA a pris contact avec les chefs des services de renseignement français et ceux de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Ces derniers lui ont conseillé de quitter illico presto, le palais avant l’assaut des mutins.
Contacté à Bamako par téléphone, un officier loyaliste nous a confirmé que le président TTA allait bien, il a été placé en lieu sûr ainsi que les ministres de la Sécurité (Natié Pléa) et de la Défense (Général Sadio Gassama) ».
De leur côté les mutins qui parlent au nom d’un Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), ont annoncé que des chefs de l’armée loyaliste ont été placés jeudi, « en résidence surveillée » après une mutinerie dans la ville de Gao (nord-est).
Pour connaitre à chaud la réaction des Algériens, Sahel Intelligence a pris contact avec un haut gradé des services de renseignements militaires (DRS) qui a avoué que leurs services n’ont rien vu venir pour alerter à temps leur poste de commandement et leurs alliés au Sahel, dont le Mali est l’un des quatre pays dits du Champs.
Pourtant, le président Touré comptait beaucoup sur l’appui du pouvoir algérien non seulement pour lutter contre les Djihadistes d’Aqmi qui font la loi au nord de son pays, mais surtout pour mater la rébellion touareg qui menace le pouvoir central. Même si ce dernier qui a épuisé ses deux mandats de cinq ans, ne comptait pas, se présenter aux prochaines présidentielles, dont le premier tour était prévu le 29 avril, devrait se sentir trahi par ses alliés des pays du champ.
Avec la chute du régime de Touré, la stratégie qui prévalait dans la région, se trouve désormais entre deux grandes parenthèses.