Mali: Un moyen de pression contre l’ancien président malien

De toutes les arrestations d’officiers maliens depuis le coup d’Etat militaire du 22 mars dernier et en particulier depuis la tentative de contre-putsch du 30 avril suivant, l’arrestation du commandant Mamadou Lamine Konaré est celle qui suscite le plus d’interrogations,

beaucoup n’y voyant qu’une tentative des putschistes d’obliger son ancien président de père, Alpha Oumar Konaré, à sortir de son mutisme et à prendre position dans la crise qui secoue le pays.

Depuis le renversement d’Amadou Toumani Touré par les militaires du CNRDRE (Conseil National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat), Mamadou Lamine Konaré, surnommé Malamine, 36 ans, était pourtant apprécié des nouveaux hommes forts du pays à cause de sa compétence, de son sérieux et de son dévouement. Membre de la SE (Sécurité d’Etat), les services de renseignements et de contre-espionnage maliens depuis 2008, il avait été nommé chef des enquêtes spéciales en 2011 ayant entre autres la charge de la lutte contre le terrorisme. A la demande de la junte, il avait même activement participé à la libération à la mi-avril de Maria Sandra Mariani, un otage italien d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique).
Malgré tous ces atouts à son avantage, Malamine Konaré est depuis le 4 mai aux arrêts à l’Ecole d’application militaire de Kati, une ville-garnison située à 15 kilomètres à l’est de Bamako. Plusieurs autres militaires sont en détention avec lui officiellement pour la tentative de déstabilisation du 30 avril. Parmi eux le général Hamidou Sissoko et le colonel Abdoulaye Cissé, respectivement ancien chef d’Etat-major particulier d’Amadou Toumani Touré et ancien chef de la garde d’Alpha Oumar Konaré.
Selon la rumeur publique à Bamako, le but de l’arrestation de Malamine Konaré est évident : pousser son père à prendre position dans la crise. Depuis le début des évènements, celui- s’est refusé à toute déclaration, craignant une instrumentalisation de ses propos, une attitude que, selon ses proches, même l’arrestation de son fils n’infléchira pas.