Alger : l’Algérie et son économie au bord du gouffre à cause de la junte militaire

L’Algérie traverse aujourd’hui une des plus graves crises de son histoire au plan politique, économique et sociétal et les choses ne font que s’aggraver.

Pour détourner l’attention de l’opinion publique sur ces gros problèmes internes, la junte militaire conduite par le général Saïd Chengriha se sert de manière peu orthodoxe du voisin marocain qu’elle présente comme l’ennemi numéro un de l’Algérie en lui imputant à tort, la responsabilité de tous les maux dont souffre leur pays et dissuader l’opposition et les contestataires du Hirak de se tenir à carreau pour éviter la bastonnade, les arrestations et la prison.

Au plan interne, ce pays maghrébin a été profondément déstabilisé au plan politique par la décision de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika de briguer un cinquième mandat consécutif aux élections d’avril 2019, une décision irréfléchie qui a mis le feu aux poudres en déclenchant des manifestations massives du Hirak, le mouvement populaire spontané qui, après avoir éjecté le Raïss Bouteflika du pouvoir, n’a cessé de revendiquer un changement radical du régime et le retour des militaires et de leur chef Chengriha dans leurs casernes pour laisser le champ libre à des dirigeants civils choisis par le peuple à travers les urnes.

Les citoyens algériens sont parfaitement conscients que l’actuel président Abdelmadjid Tebboune qui a succédé à Bouteflika a été plébiscité à la présidence par Chengriha avec la complicité d’autres hauts gradés de l’armée.

Tebboune qui se contente d’obéir aux ordres des militaires demeure redevable à Chengriha qui bien entendu, lui dicte en coulisse, la ligne de conduite à suivre s’il veut conserver son fauteuil.

Pour preuves, le Département de la Défense dilapide chaque année sans se soucier, des sommes colossales dans l’achat de l’armement, à travers des transactions souvent entachées de corruption et de pot-de-vin et dont les généraux se servent pour renflouer leurs comptes bancaires à l’étranger.

La chute des prix du pétrole entre juillet 2014 et février 2016 a mis à mal l’économie algérienne qui souffre déjà de l’assèchement des caisses de l’Etat à cause non seulement de la corruption qui la gangrène mais surtout à cause de la gestion calamiteuse des rouages économiques ainsi que la forte dépendance du pays des recettes des hydrocarbures et l’incapacité des dirigeants algériens tenus en laisse par les hauts gradés militaires, de diversifier l’économie.

Depuis le début du Hirak en 2019, les Algériens font l’amère constat de la mauvaise gestion de la pandémie du coronavirus qui a porté le coup de grâce à des centaines, voir des milliers d’entreprises publiques et privées, ainsi que du tarissement des réserves de devises, de la hausse vertigineuse du chômage surtout parmi les jeunes qui n’hésitent pas à braver le danger de la mort en s’aventurant en mer à bord d’embarcations de fortune pour fuir leur pays en direction d’autres cieux plus cléments notamment en Europe.

Les Algériens font également l’amère constat des pénuries de l’eau potable, de la farine et des bouteilles d’oxygène servant à sauver les vies des patients du Covid-19 dans les hôpitaux et se demandent in fine, où sont passés les milliards de dollars en devises fortes que l’ancien président Bouteflika voulait même prêter au Fonds Monétaire International (FMI) et à la Banque Mondiale.

Des observateurs ayant pignon sur rue prédisent un sombre avenir en Algérie, estimant que la situation ne cessera pas d’empirer tant que la junte militaire conduite par Saïd Chengriha n’aura pas levé la main sur le pouvoir politique et céder la gestion du pays à un gouvernement civil, démocratiquement élu.