Les récentes nominations opérées par le président Abdelmadjid Tebboune dans des secteurs sensibles ont été très mal perçues par le général Saïd Chengriha, le chef d’état-major de l’armée, une fonction qui place de facto son titulaire comme le véritable homme fort du pays.
Visiblement embarrassé par les limogeages et les changements, opérés sans son consentement, au ministère de la justice, parmi les responsables des aéroports, dans les secteurs touristique et énergétique ainsi que dans les rangs de la police, le général Chengriha ne veut pas se laisser faire. Surtout qu’il est connu pour son caractère ombrageux et déteste le fait accompli.
La tâche ne sera cependant pas de tout repos pour le général, car le président Tebboune tentera de se servir des promotions au sein de l’armée, qui ont lieu chaque année le 5 juillet, pour changer à son avantage les alliances avec les hauts gradés les plus influents.
Autre carte entre les mains du président, le fils du général Said Chengriha, le commandant Chafik Chengriha qui, sous prétexte de suivre une formation depuis 2020 à Paris, est en fait rattaché au bureau militaire de l’ambassade d’Algérie à Paris.
Il s’agit de l’un des services les plus importants dans l’organigramme de la diplomatie algérienne, qui gère un budget de plusieurs centaines de millions d’euros et qui est rattaché directement au ministère algérien de la Défense nationale, coiffé justement par le président Tebboune.
Dans ce jeu de poker menteur, le général dispose pourtant de cartes décisives. Il dispose non seulement d’une large influence dans les rangs de la grande muette, mais peut se prévaloir aussi de soutiens réels dans les partis affidés au régime et, surtout, de la fidélité de pratiquement tous les médias, qui lui sont acquis corps et âme.
Il peut aussi jouer la carte de Khalid Tebboune, le fils du président condamné dans une grosse affaire de drogue, mais qui a été libéré dès l’arrivée au pouvoir de son père en 2019, avec la bénédiction de la junte militaire, mais dans la réprobation générale de la population algérienne.