Le Sahel est devenu depuis quelques mois le théâtre d’une lutte d’influence féroce dont les protagonistes se situent parfois bien au-delà des frontières africaines. Dans ce mélodrame géopolitique, l’Algérie, prétendant africain, risque de manquer le coche en raison de deux principes auxquels elle s’accroche : le respect de la souveraineté nationale et le refus des ingérences étrangères.
Sur fonds de questions sécuritaires (trafics d’armes et de drogues, terrorisme) poussées à leur paroxysme par l’occupation du Nord Mali par des groupes armés islamistes, c’est une bataille pour les richesses naturelles du Sahel qui se déroule. Et celles-ci s’annoncent fabuleuses : Pétrole, gaz, phosphates, uranium, plutonium, cobalt, cuivre, diamants, fer, etc. Mais ces richesses ne profitent pas à la plus grande partie de la population, dont les jeunes deviennent des cibles toutes faites pour les organisations radicales et mafieuses. Certains observateurs expliquent l’émergence de groupes radicaux dans la région, alors que l’islamisme radical y était pourtant peu ancré, par des financements saoudiens et qataris de mosquées et d’écoles coraniques dans des visées de propagation idéologique. Le Qatar jouerait même sur deux tableaux, en finançant des groupes salafistes et en négociant avec le géant pétrolier français Total pour l’exploitation des ressources pétrolières de la région. Parmi les pays occidentaux, la France est la plus impliquée de par son statut d’ancienne puissance coloniale et en raison des nombreux intérêts qu’elle a dans la région. Le plus important est certainement l’uranium nigérien qu’elle exploite et qui représente le tiers de ses approvisionnements.
Avec tous ces enjeux, une chose est certaine, c’est que le statu quo sur la partition du Mali et l’instabilité qu’elle provoque sur la région ne durera pas éternellement. Toutes les pistes de sortie de crise s’avèrent laborieuses, mais la voie militaire prend tant bien que mal le pas sur la voie diplomatique. L’Algérie, dont le budget militaire est six fois plus important que celui des autres pays sahéliens réunis, se fait étonnamment discrète sur les deux plans, au risque de passer à côté du « partage du butin » une fois la crise résolue.