La justice malienne est saisie d’une action engagée par la junte au pouvoir contre la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (Minusma).
Cette force onusienne est accusée d’espionnage après la publication d’un rapport accablant pour l’armée nationale, a indiqué le parquet général dans un communiqué.
Le procureur du pôle spécialisé dans la « lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée a été saisi d’une plainte » de l’Etat contre les membres de la Minusma ayant enquêté sur les évènements survenus dans la petite ville de Moura (centre) entre le 27 et 31 mars 2022, dit le communiqué daté de lundi et consultable mardi sur les réseaux sociaux.
Ces membres sont présentés par le communiqué comme « tous co-auteurs ou complices du chef des crimes, entre autres, d’espionnage, d’atteinte au moral des armées de Terre ou de l’Air, de faux et usage de faux et d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat ».
Cette plainte fait suite à la publication, le 12 mai, d’un rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU, fondé sur une enquête de la division des droits de l’Homme de la Minusma. Il accuse l’armée malienne et des combattants « étrangers » d’avoir exécuté au moins 500 personnes à Moura lors d’une opération antijihadiste.
Par ailleurs, le ministre malien de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, a déclaré que la « décision responsable du gouvernement de demander le retrait de la Mission multidimensionnelle Intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), est la conclusion logique du bilan » de la présence de cette mission onusienne au Mali, depuis juillet 2013, soit 10 ans.
Le gouvernement, après avoir constaté la non prise en compte de ses fortes réserves et des attentes légitimes des populations maliennes concernant le mandat de la MINUSMA, note que la situation sécuritaire s’est améliorée substantiellement grâce à la montée en puissance des Forces armées maliennes (FAMa).
« La MINUSMA devient désormais une partie du problème notamment en alimentant les tensions intercommunautaires exacerbées par des allégations d’une extrême gravité et qui sont fortement préjudiciables à la paix, à la réconciliation et à la cohésion nationale », accuse Bamako.
Le gouvernement du Mali a demandé, officiellement, vendredi, pour la première fois, le retrait de la MINUSMA par la voix du chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop.