Algérie : L’implication du régime militaire algérien dans les réseaux de trafic et l’immigration clandestine (les experts)

L’Algérie, carrefour entre l’Afrique subsaharienne et le Maghreb, joue un rôle central dans le phénomène complexe de l’immigration clandestine et le trafic.

Alors que les autorités algériennes affichent une volonté de contrôler ces flux migratoires, de nombreuses enquêtes révèlent l’implication des forces de sécurité du régime militaire dans les réseaux criminels de trafic humain, de la drogue et des armes.

Chaque année, des milliers de migrants, principalement originaires de pays d’Afrique subsaharienne et du Sahel comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso ou autres pays africains, traversent des frontières pour atteindre les côtes algériennes, où ils espèrent rejoindre l’Europe via la Méditerranée.

Bien que le gouvernement algérien affirme lutter contre l’immigration clandestine, des rapports d’ONG et des témoignages de migrants font état de la collusion entre les membres des forces de sécurité et les trafiquants.

Les militaires et policiers, sous l’autorité du général Saïd Chengriha et du président Abdelmadjid Tebboune, permettraient à des passeurs de fonctionner librement, moyennant des pots-de-vin ou d’autres formes de corruption. Cette complicité a des conséquences dramatiques sur les conditions de vie des migrants qui, bien qu’en transit, sont exploités, extorqués et parfois abandonnés dans des conditions inhumaines en plein désert ou dans des camps de transit.

Plusieurs témoignages de migrants soulignent que, dans certaines régions, les forces algériennes demandent de l’argent pour permettre aux migrants de poursuivre leur voyage ou de franchir les frontières sahariennes.

En parallèle de cette situation, l’Algérie adopte une politique d’expulsions massives. Chaque année, des milliers de migrants, principalement subsahariens, sont refoulés vers leurs pays d’origine. Selon certaines organisations internationales, ces expulsions se font souvent dans des conditions extrêmement dures, avec des témoignages d’abus physiques, de maltraitance et d’humiliation.

Entre les extorsions de fonds par les autorités, les violences physiques de la part des forces de l’ordre, et la présence de réseaux criminels qui profitent de la vulnérabilité des migrants, ces derniers sont pris dans un véritable piège.

Les migrants, qu’ils soient des travailleurs économiques ou des réfugiés, vivent dans la peur constante des arrestations, des abus et de l’exploitation. Dans certains cas, des migrants sont forcés de choisir entre retourner dans leur pays d’origine ou risquer de mourir dans une traversée périlleuse de la Méditerranée.

La coopération entre l’Algérie et l’Union Européenne (UE) en matière de gestion des flux migratoires a été renforcée ces dernières années. L’UE apporte un soutien financier et logistique à l’Algérie pour renforcer la surveillance des frontières et lutter contre les réseaux de passeurs. Cependant, cette coopération soulève des questions éthiques et politiques.

De nombreux observateurs pointent du doigt la manière dont l’UE contribue indirectement à la criminalisation de l’immigration et à la violation des droits des migrants, en fermant les yeux sur la complicité du régime algérien.

Ces politiques ont été vivement critiquées par des organisations de défense des droits de l’homme comme Amnesty International et Human Rights Watch.