Sous la direction du général Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) et véritable homme fort du pays, l’Algérie semble se diriger vers une consolidation de son autoritarisme militaire.
La figure du général Chengriha, qui a succédé à Ahmed Gaïd Salah après sa mort en 2019, incarne une vision du pouvoir où l’armée détient une influence déterminante dans les affaires politiques et économiques.
En 2025, cette mainmise pourrait devenir encore plus évidente, accentuant les tensions internes et les fractures sociales du pays, pire que la décennie noire de 1992, selon les analystes occidentaux.
Saïd Chengriha n’est pas un outsider dans le jeu politique algérien. Sa carrière militaire, entamée dès 1977, l’a placé au cœur du système de pouvoir algérien, un système où l’armée a toujours joué un rôle crucial dans la gouvernance du pays.
Bien qu’il soit officiellement chef de l’état-major de l’ANP, son pouvoir dépasse largement ce cadre militaire : l’armée algérienne, en particulier sous sa direction, conserve une influence considérable sur les institutions politiques, économiques et sécuritaires.
Chengriha a consolidé sa position de pouvoir en contrôlant non seulement l’ANP, mais aussi d’autres leviers essentiels du pays, comme les services de renseignement, la diplomatie et certains secteurs stratégiques de l’économie, notamment le pétrole et le gaz, qui restent le principal moteur de l’économie algérienne.
Au-delà de son rôle militaire, Chengriha et ses alliés dans l’armée n’hésitent pas à utiliser leur pouvoir pour influencer les décisions politiques, juger et réduire au silence les opposants, ou encore contrôler les processus électoraux.
Le gouvernement civil dirigé par le président Abdelmadjid Tebboune, bien qu’élu sur la base d’un processus démocratique, est largement perçu comme étant sous l’influence directe des militaires.
Le climat politique en 2025 va être caractérisé par un rejet massif de l’armée et du système de pouvoir qu’elle incarne. Le Hirak, bien qu’il ait été en grande partie réprimé depuis 2019, reste une force vive de contestation dans le pays, et de nombreux observateurs anticipent une reprise de la mobilisation sociale en 2025, portée par un sentiment de frustration face à un pouvoir de plus en plus militaire.
Les Algériens, particulièrement les jeunes, souffrent d’un chômage élevé, d’une inflation galopante, et d’un système politique opaque, ce qui nourrit une révolte silencieuse et une volonté de changement.
Cependant, cette contestation, quand elle se manifeste dans les rues, est réprimée avec une brutalité qui témoigne de l’autoritarisme de l’État. Les militaires, qui n’hésitent pas à déployer les forces de l’ordre pour disperser les manifestations, imposent une surveillance étroite des citoyens et des médias, afin de prévenir toute forme de soulèvement.
Sur le plan intérieur, cette mainmise de l’armée pourrait entraîner une perte de légitimité du pouvoir aux yeux de la population. L’Algérie risque de sombrer dans une situation où les institutions civiles ne seraient plus perçues comme représentatives des attentes populaires, mais comme des relais du pouvoir militaire. Ce climat pourrait alimenter une montée de l’instabilité politique, voire d’une radicalisation des mouvements de contestation, dont les conséquences seraient difficilement prévisibles.
À l’échelle internationale, l’Algérie pourrait se retrouver isolée. L’image de l’armée algérienne comme force dominante du pouvoir pourrait nuire à ses relations avec les puissances occidentales, notamment les USA, l’Union européenne ainsi que les pays arabes et africains. Les critiques sur la répression des libertés civiles, l’absence de réformes démocratiques et la militarisation du pouvoir pourraient conduire à des sanctions ou à un refroidissement des relations diplomatiques, ce qui ne ferait qu’aggraver la situation économique du pays, déjà fragile.