Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a décidé de retirer toutes les autorisations de reportage accordées aux journalistes d’Al-Jazeera dans le pays. Dans une lettre adressée jeudi à Mostefa Souag, directeur général de la chaîne à Doha, le ministre congolais de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a annoncé que toutes les autorisations en cours de validité étaient désormais révoquées.
Cette mesure fait suite à la diffusion récente sur Al-Jazeera d’une interview avec Bertrand Bisimwa, le chef du M23 (« Mouvement du 23 mars »). Ce groupe armé, qui lutte contre le gouvernement congolais depuis la fin de l’année 2021, contrôle une grande partie de l’est du pays, une région riche en ressources naturelles et en proie à des conflits depuis trois décennies. Ces dernières semaines, le M23, soutenu par le Rwanda, a renforcé ses positions dans l’est de la RDC, où environ 3 000 à 4 000 soldats rwandais combattent aux côtés des insurgés, entraînant une nouvelle vague de violences et plus de 100 000 déplacés.
Le ministre Muyaya a vivement critiqué la chaîne d’information en continu, l’accusant d’avoir interviewé un « chef de mouvement terroriste ». Il a également reproché à Al-Jazeera d’avoir confié cette interview à une « chercheuse militante, notoirement pro-rwandaise », qui ne détenait ni accréditation ni visa pour mener des reportages en RDC, au lieu de la confier à un membre de son équipe de journalistes.
Al-Jazeera possède des équipes régulièrement accréditées en RDC, et dispose notamment d’un journaliste basé à Goma, dans l’est du pays, où la situation sécuritaire reste particulièrement tendue.