Au moins une vingtaine de personnes ont été tuées lors d’une frappe aérienne de l’armée dans l’État de Zamfara, dans le nord-ouest du Nigeria, après qu’un pilote ait confondu des groupes d’autodéfense locaux avec des bandits criminels. Cet incident marque la deuxième frappe aérienne accidentelle meurtrière contre des civils, après un bombardement de deux villages dans l’État voisin de Sokoto, le jour de Noël, où l’armée visait des jihadistes.
L’armée nigériane lutte contre des groupes criminels appelés localement « bandits », qui terrorisent les communautés du nord-ouest et du centre du pays. Ces bandits effectuent régulièrement des raids dans les villages, tuent, enlèvent des habitants contre rançon, et brûlent les maisons après les avoir pillées.
Samedi en fin de journée, un avion militaire a frappé un groupe d’habitants venus en aide à Dangebe, un village attaqué par des bandits armés. Ces habitants, originaires de villages voisins, étaient en train de regagner leurs foyers après avoir repoussé les assaillants, qui avaient volé du bétail et incendié des maisons. L’attaque aérienne a eu lieu alors que le groupe atteignait le village de Tungar Kara.
Amnesty International a appelé les autorités nigérianes à mener une enquête « immédiate et impartiale » sur cet incident, soulignant que des dizaines de blessés se trouvent actuellement dans un état critique sans accès à des soins médicaux.
Ce nouveau drame survient après qu’au moins dix civils aient été tués et plusieurs blessés lors d’une frappe aérienne accidentelle le 25 décembre dernier dans l’État de Sokoto. Ces frappes visaient des jihadistes, mais ont touché des civils non impliqués, selon les autorités locales.
Les États de Zamfara, Sokoto et d’autres dans le centre et le nord-ouest du Nigeria subissent une violence incessante de la part des « bandits », des groupes criminels qui exigent des rançons élevées et sont parfois qualifiés de « terroristes » par les autorités. Cette insécurité s’ajoute à celle provoquée par le groupe jihadiste Boko Haram dans le nord-est du Nigeria depuis 2009, et son groupe dissident, l’État Islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), actif depuis 2016.