Les autorités éthiopiennes intensifient leur répression contre la société civile, a déclaré Human Rights Watch (HRW), mercredi, en dénonçant la suspension récente de deux ONG indépendantes dédiées à la défense des droits humains.
Fin décembre, l’Autorité des organisations de la société civile (ACSO), un organisme gouvernemental chargé de surveiller les groupes de la société civile, a suspendu le Conseil éthiopien pour les droits humains (EHRC) ainsi que le Centre éthiopien des défenseurs des droits humains (EHRDC), citant leur « manque d’indépendance », selon un communiqué de HRW.
Cette décision témoigne, selon HRW, d’une « répression croissante contre la société civile ». L’organisation appelle les autorités éthiopiennes à « annuler cette décision » et à « cesser de réprimer les voix indépendantes ».
HRW souligne que ces suspensions envoient « un message inquiétant » aux défenseurs des droits humains et reflètent « l’intolérance du gouvernement envers ceux qui luttent pour les droits fondamentaux ».
Interrogée sur cette situation, Billene Seyoum, porte-parole du Premier ministre Abiy Ahmed, a défendu la position du gouvernement, soulignant que depuis 2018, l’Ethiopie avait fait d’importants progrès pour créer un environnement juridique et inclusif permettant à tous les acteurs de participer activement à la vie politique. Selon elle, cela a permis de transformer un espace auparavant restreint en un cadre où les organisations peuvent désormais opérer librement, dans le respect des lois nationales.
Cependant, les suspensions d’ONG continuent de s’accumuler. En décembre, trois autres organisations – le Centre pour l’avancement des droits et de la démocratie (CARD), l’Association pour les droits humains en Éthiopie (AHRE), et les Avocats pour les droits humains (LHR) – ont également été suspendues. L’AHRE est la seule à voir sa décision annulée à ce jour.
L’Ethiopie, un pays d’environ 120 millions d’habitants, est en proie à plusieurs conflits armés, notamment dans les régions de l’Amhara et de l’Oromia, où les forces fédérales affrontent des milices locales. Ces deux belligérants ont été accusés de violations des droits humains.