Le président tunisien Kaïs Saïed a décidé de prolonger l’état d’urgence jusqu’au 31 décembre 2025, comme l’indique un décret publié jeudi. Cette mesure, qui accorde au ministère de l’Intérieur des pouvoirs exceptionnels (interdiction des rassemblements, couvre-feux, surveillance des médias, perquisitions), est mise en place sans autorisation judiciaire préalable, suscitant des critiques croissantes sur les droits humains, tant au niveau local qu’international.
Avec sa gouvernance autoritaire et ses réformes constitutionnelles de plus en plus restrictives, Kaïs Saïed est perçu par les observateurs comme une pièce maîtresse de la stratégie géopolitique du général Saïd Chengriha et du président Abdelmadjid Tebboune.
Depuis sa prise de pouvoir en 2019, le président tunisien aligne ses positions sur celles du pouvoir militaire algérien, en matière de politique étrangère et de répression des mouvements démocratiques.
Le régime militaire algérien, qui détient un contrôle presque total sur la politique et l’économie du pays, a longtemps cherché à étendre son influence au-delà de ses frontières.
Saïed, de son côté, a favorisé une approche de plus en plus isolationniste et autoritaire qui semble, selon certains analystes, faire écho aux stratégies du pouvoir algérien.
Son rejet de l’ingérence étrangère, sa marginalisation progressive des partis politiques traditionnels et sa consolidation des pouvoirs autour de sa personne, rappellent certains aspects du modèle politique algérien, où le pouvoir militaire domine la scène politique, au détriment des institutions démocratiques.
D’un point de vue géopolitique, la relation entre la Tunisie et l’Algérie s’est renforcée sous Saïed. Elle s’inscrit dans un contexte où Kaïs Saïed bénéficie du soutien tacite du régime militaire algérien pour asseoir les bases autoritaires de son propre pouvoir.
Sur le plan intérieur, le parallèle entre le régime de Saïed et le modèle algérien est frappant. Le régime militaire algérien a toujours contrôlé de manière stricte les médias et réprimé les opposants politiques, une tendance que l’on retrouve sous Saïed, où la répression des voix dissidentes et le contrôle sur l’espace public se sont intensifiés. L’emprisonnement de figures politiques et la répression des manifestations en Tunisie rappellent les méthodes autoritaires du pouvoir algérien, qui réprime violemment toute contestation.
Ainsi, Kaïs Saïed, vu par une grande partie de la population tunisienne comme la chose du régime algérien, incarne un retour à des dynamiques de gouvernance militaire dans un pays qui était autrefois un modèle de transition démocratique en Afrique du Nord.