L’Erythrée a accusé jeudi son voisin éthiopien de mener une « campagne intense et inacceptable » de dénigrement à son encontre, alors que les relations entre les deux pays de la Corne de l’Afrique se détériorent.
Les liens entre l’Ethiopie et l’Erythrée ont été marqués par des hauts et des bas depuis l’indépendance de l’Érythrée en 1993. De 1998 à 2000, les deux nations se sont affrontées dans une guerre meurtrière à cause de différends territoriaux, qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts.
En 2019, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a remporté le prix Nobel de la paix après avoir signé un accord de paix avec l’Érythrée, un accord qui avait permis une réouverture temporaire des frontières. Cependant, les relations se sont à nouveau tendues après la fin de la guerre du Tigré en 2022, où l’armée érythréenne avait soutenu les forces éthiopiennes contre les séparatistes tigréens.
Le ministre érythréen de l’Information, Yemane Gebremeskel, a dénoncé jeudi, dans un message publié sur le réseau social X, une « campagne intense et inacceptable » menée par les autorités d’Addis-Abeba contre l’Érythrée. Il a notamment évoqué des « provocations malveillantes » et a critiqué l’accord signé début 2024 entre l’Ethiopie et le Somaliland, une région séparatiste somalienne, pour l’accès à la mer. Cet accord a en effet exacerbé les tensions régionales, provoquant la colère de la Somalie, avec laquelle l’Ethiopie avait rétabli ses relations diplomatiques au début de l’année.
Dans un éditorial publié lundi sur Al Jazeera, l’ancien président éthiopien Mulatu Teshome a pour sa part accusé l’Erythrée « d’attiser les conflits » et a comparé le président érythréen Isaias Afwerki, au pouvoir sans partage depuis 1993, à un « pyromane ».
En parallèle, l’ONG Human Rights Concern Eritrea (HRCE) a rapporté mardi que le régime d’Asmara aurait ordonné une « mobilisation militaire nationale » pour tous les citoyens de moins de 60 ans.
Lors de la guerre du Tigré, entre novembre 2020 et novembre 2022, l’Érythrée avait apporté un soutien militaire aux forces fédérales éthiopiennes contre le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), considéré comme un ennemi par Asmara. L’armée érythréenne a été accusée par l’ONU et plusieurs ONG, dont Amnesty International, de crimes de guerre, des accusations que le régime d’Asmara a systématiquement rejetées, les qualifiant de « désinformation ».