Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué que près de 30 000 personnes ont récemment trouvé refuge au Burundi après avoir fui l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), un afflux d’une ampleur jamais vue depuis 25 ans. Le HCR a exprimé ses préoccupations face aux récentes avancées du M23 et de ses alliés rwandais, notamment après la prise de Bukavu par ces groupes, à seulement 50 kilomètres du Burundi.
Depuis fin janvier, après avoir pris Goma, capitale du Nord-Kivu, lors d’une offensive rapide, les forces du M23 ont également pris le contrôle de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu. Les combats continuent de se propager dans cette région frontalière du Rwanda et du Burundi, menaçant désormais Bujumbura, la capitale économique du Burundi, et obligeant de nombreux civils à fuir.
Brigitte Mukanga-Eno, la représentante du HCR au Burundi, a déclaré lors d’une conférence de presse à Bujumbura que cette vague de réfugiés est « la plus grande que le Burundi ait connue depuis le début des années 2000 ». Elle a estimé à 30 000 le nombre de réfugiés, alors que les autorités burundaises avaient initialement évalué ce chiffre à 10 000. Elle a précisé que ces chiffres restent temporaires, car des milliers de personnes continuent d’arriver chaque jour, principalement dans les provinces frontalières de Bubanza et de Cibitoke.
Avant cette nouvelle vague, le Burundi accueillait déjà environ 90 000 réfugiés, majoritairement congolais, ayant fui les conflits des deux guerres du Congo (1996-1997 et 1998-2003). La frontière entre le Burundi et la RDC constitue un axe économique et humain majeur pour la région des Grands Lacs.
Le ministre burundais de l’Intérieur, Martin Niteretse, a annoncé que le Burundi accorderait le statut de réfugié à tous les Congolais arrivés depuis le début de l’année. Ce geste s’inscrit dans un contexte où le Burundi, un pays pauvre de 13 millions d’habitants, a déjà déployé plus de 10 000 soldats depuis octobre 2023 pour soutenir l’armée congolaise dans la lutte contre le M23 et d’autres groupes armés.
Huang Xia, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands Lacs, a alerté le Conseil de sécurité de l’ONU sur l’avancée continue du M23 et de ses alliés, qui se dirigent vers « d’autres zones stratégiques » du Nord et du Sud-Kivu. Il a averti que le « risque d’un embrasement régional est plus que jamais réel », ajoutant que « l’Histoire se répète ».