Soudan du Sud : Le ministre des Affaires étrangères démis après une brouille avec les Etats-Unis

Le président sud-soudanais Salva Kiir a limogé le ministre des Affaires étrangères Ramadan Mohamed Abdalla Goc, selon un décret officiel rendu public mercredi soir. Cette décision intervient après une brouille diplomatique avec les États-Unis, provoquée par le refus initial de Juba d’accueillir sur son sol un ressortissant congolais expulsé par les autorités américaines.

Ce refus avait entraîné une mesure de rétorsion immédiate de Washington avec la révocation de tous les visas accordés aux ressortissants sud-soudanais, une sanction sans précédent sous l’administration Trump. Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio avait accusé le Soudan du Sud de « profiter des États-Unis » en refusant de reprendre ses citoyens expulsés.

Face à la pression, Juba est finalement revenue sur sa position. Mardi, le ministère sud-soudanais des Affaires étrangères annonçait qu’il autoriserait l’entrée du ressortissant congolais « par respect pour les relations amicales » entre les deux pays. Une position saluée prudemment par Washington, qui a dit attendre des actes concrets avant de lever ses sanctions.

Dans le même décret, Salva Kiir a nommé Monday Semeya Kumba nouveau ministre des Affaires étrangères.

Cette crise diplomatique intervient dans un contexte déjà explosif. L’accord de paix de 2018, censé mettre fin à cinq années de guerre civile, est mis à mal par des violences persistantes. Fin mars, des forces loyales au président Kiir ont assigné à résidence le vice-président Riek Machar, faisant craindre une reprise des hostilités.

Par ailleurs, Human Rights Watch a accusé jeudi l’armée sud-soudanaise d’avoir mené des frappes aériennes meurtrières à l’aide de bombes incendiaires improvisées dans le nord-est du pays. Ces attaques, survenues entre le 16 et le 21 mars, auraient fait au moins 58 morts, dont des enfants, et de nombreuses victimes grièvement brûlées.