Algérie : Le régime algérien pourrait-t-il rompre ses relations diplomatiques avec la France, Ne pas jouer dans la Cour des Grands

Outre les visas, le gel des avoirs, estimé à plusieurs milliards de dollars, des généraux militaires et des élites algériennes en activité ou en retraite, constitue une mesure et une carte maîtresse pour exercer des pressions sur le régime autoritaire et militaire algérien, selon nos sources. Ce processus, en plus de cibler les dirigeants, concerne également leurs familles.

Une rupture totale des relations diplomatiques avec la France est officiellement sur la table des décideurs du Pouvoir Algérien. Cette option est en train d’être étudiée sérieusement par les dirigeants algériens, d’après le dissident algérien Abdou Semmar.

Les autorités françaises ont confectionné une liste contenant 112 dirigeants Algériens, majoritairement des diplomates, mais aussi beaucoup de cadres de la Présidence Algérienne et de nombreux dirigeants militaires ou chefs de services de sécurité, qui sont menacés d’une interdiction d’entrée sur le territoire français, a pu confirmer Algérie Part au cours de ses investigations.

Les sanctions à l’encontre des personnalités algériennes figurant sur cette liste seront officiellement mises en œuvre si l’Algérie refuse prochainement de reprendre un nombre précis de ressortissants algériens jugés dangereux par les autorités françaises et faisant l’objet de procédures urgentes d’expulsion ou d’éloignement du territoire français.
Le Premier ministre français, François Bayrou, a confirmé hier le 26 février la volonté française de restreindre l’accès au territoire français pour « certains responsables algériens », bénéficiaires de visas diplomatiques.

D’après un communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien, l’Algérie « rejette catégoriquement les ultimatums et les menaces » de la France, après que Paris a menacé de remettre en cause les accords de 1968 qui accordent un statut particulier unique pour les Algériens.
L’Algérie « appliquera une réciprocité stricte et immédiate à toutes les restrictions apportées aux mobilités entre l’Algérie et la France », a affirmé le ministère, disant laisser la partie française assumer la « responsabilité pleine et entière » d’une rupture.

La relation bilatérale a connu un violent coup de frein fin juillet quand la France a apporté son soutien au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental.
Ce territoire marocain est reconnu par les pays Arabes, l’Espagne, les Etats Unis, des pays Africains et Asiatiques ainsi que Latino-Américains.
Depuis 50 ans, les régimes militaires algériens piégés, ont soutenu le Front Polisario, une création épineuse de l’ex-dictateur de la Libye, Mouammar Kadhafi, lors de la guerre froide entre le bloc Est et l’Ouest.

La crise s’est aggravée avec l’incarcération à Alger à la mi-novembre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, poursuivi pour des déclarations faites en France à un média réputé d’extrême droite et considérées comme portant atteinte à l’intégrité du territoire algérien.
L’arrestation par Paris en début d’année d’influenceurs algériens pour apologie de la violence, et l’expulsion d’Algériens renvoyés par Alger, ont envenimé la situation, avec le refus du régime du général Saïd Chengriha et du président Abdelmadjid Tebboune, d’accepter un ressortissant en situation irrégulière, auteur d’un attentat le 22 février à Mulhouse, dans l’est de la France, qui a fait un mort et plusieurs blessés.

Dans ce contexte, le Premier ministre français François Bayrou a lancé mercredi un ultimatum « d’un mois à six semaines » à l’Algérie, menaçant de dénoncer « la totalité des accords » bilatéraux sur les questions migratoires, « pas respectés » selon lui.

Le président français avait opéré un rapprochement et une main tendue à Alger lors d’une visite officielle à l’été 2022, marquée par le lancement d’une commission mixte d’historiens sur le dossier mémoriel et un redémarrage tous azimuts de la relation bilatérale.