Dans un contexte de tensions croissantes entre la France et l’Algérie, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé lundi que la France prépare une liste de plusieurs centaines de ressortissants algériens jugés « dangereux », qu’elle souhaite renvoyer vers leur pays d’origine. Cette annonce s’inscrit dans le cadre d’une stratégie de riposte graduée à l’égard d’Alger, alors que les relations entre les deux nations se sont gravement détériorées depuis plusieurs mois.
Le point de friction majeur réside dans le refus d’Alger d’accepter le retour de ressortissants en situation irrégulière, y compris celui de l’auteur d’un attentat à Mulhouse, qui a coûté la vie à un homme le 22 février dernier. Ce refus a exacerbé une relation déjà fragile, notamment après la reconnaissance, en juillet 2024, par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
Bruno Retailleau a précisé que les individus figurant sur la liste sont perçus comme une menace à la sécurité nationale de la France. Ils ont été identifiés soit pour avoir commis des actes perturbant l’ordre public, soit pour leur présence dans les fichiers des radicalisés liés au terrorisme. Le ministre a insisté sur le fait que la réaction d’Alger face à cette demande serait déterminante et pourrait marquer une étape cruciale dans les relations bilatérales.
Il a également rappelé qu’à Mulhouse, un terroriste, originaire d’Algérie, avait tué un citoyen portugais, alors qu’il aurait dû être renvoyé en Algérie. Ce même individu avait été signalé à plusieurs reprises aux autorités algériennes, qui avaient refusé de le reprendre. Cet incident a renforcé l’idée selon laquelle l’Algérie ne respecterait pas ses engagements internationaux, notamment ceux contenus dans la Convention internationale de Chicago de 1944 et dans un accord bilatéral signé en 1994, qui stipule qu’un ressortissant algérien doit être accepté par son pays d’origine.
Sur la question des visas, notamment pendant le mois de Ramadan, où des imams, en provenance du Maroc et de d’Algérie, se rendent en France pour des prêches, Bruno Retailleau a tenté de justifier cette politique. Selon lui, ces imams sont strictement contrôlés et leur séjour est limité à une période de 40 jours. Il a expliqué préférer des imams temporaires, venus de pays voisins, à des individus qui se proclament imams et tiennent des discours de haine.
Vendredi, le président français Emmanuel Macron a cherché à désamorcer les tensions en appelant à résoudre le cas de l’écrivain Boualem Sansal, détenu en Algérie, en gage de confiance. Il a également clarifié qu’il n’était pas question de remettre en cause les accords de 1968, qui octroient un statut particulier aux Algériens en France, notamment en matière de circulation, de séjour et d’emploi, des accords qui sont devenus un point de friction entre les deux pays.