L’Ouganda a annoncé le déploiement de forces spéciales à Juba, la capitale du Soudan du Sud, pour assurer la sécurité de la ville et soutenir le président Salva Kiir, dans un contexte de tensions croissantes dans le pays. Muhoozi Kainerugaba, chef des forces armées ougandaises (UPDF) et fils du président Yoweri Museveni, a déclaré sur le réseau social X, peu après minuit, que les troupes ougandaises étaient arrivées à Juba il y a deux jours pour sécuriser la capitale. « Nous protégerons l’ensemble du territoire du Soudan du Sud comme si c’était le nôtre. C’est la volonté du commandant en chef », a ajouté Muhoozi, connu pour ses déclarations provocatrices sur les réseaux sociaux.
Le porte-parole de l’armée ougandaise, Felix Kulayigye, a confirmé que des troupes avaient été envoyées pour protéger le gouvernement de Salva Kiir, soulignant que l’armée ougandaise considérait l’intégrité du Soudan du Sud comme une priorité stratégique. L’Ouganda avait déjà envoyé des troupes au Soudan du Sud en 2013 pour soutenir le gouvernement de Kiir, avant de se retirer officiellement en 2015, mais il a souvent été accusé d’ingérences dans les affaires internes du pays.
La situation au Soudan du Sud reste fragile, après des années de guerre civile entre les forces loyales à Kiir et celles du vice-président Riek Machar. Bien que la guerre civile, qui a causé près de 400 000 morts et quatre millions de déplacés, ait officiellement pris fin en 2018, de nouveaux affrontements ont récemment éclaté dans l’État du Haut-Nil, au nord-est du pays. Ce regain de violence a menacé l’accord de paix et de partage du pouvoir signé en 2018. Vendredi, un hélicoptère de l’ONU, en mission de secours dans la région, a été attaqué par des tirs, tuant un membre d’équipage et en blessant deux autres. Un général de l’armée sud-soudanaise a également perdu la vie lors de cette opération.
Les partisans de Salva Kiir accusent les forces fidèles à Riek Machar d’être derrière les troubles, notamment à travers l' »Armée blanche », un groupe armé principalement composé de jeunes de l’ethnie nuer, à laquelle appartient Machar. La situation au Soudan du Sud est de plus en plus préoccupante, et la présidente de la commission des droits de l’homme des Nations unies pour le pays, Yasmin Sooka, a averti que le pays risquait de sombrer dans une « régression alarmante », menaçant de réduire à néant les progrès réalisés vers la paix au cours des dernières années.