Depuis son arrivée au pouvoir, le président tunisien Kaïs Saïed a mené une politique de plus en plus ferme vis-à-vis des migrants subsahariens, une posture qui a suscité de vives critiques tant sur le plan humanitaire que diplomatique.
En février 2023, dans un discours virulent, Saïed avait dénoncé l’arrivée de « hordes de migrants subsahariens », les qualifiant de menace pour la « composition démographique » du pays. Cette déclaration a marqué le début d’une série d’actions qui ont exacerbé les tensions autour de la question migratoire en Tunisie, particulièrement pour les milliers de migrants originaires d’Afrique subsaharienne.
Suite à ce discours, la situation des migrants subsahariens s’est rapidement dégradée. Des milliers d’entre eux ont été expulsés de leurs logements et ont perdu leurs emplois informels. Plusieurs ambassades africaines ont dû organiser des rapatriements d’urgence à la suite de violences et d’agressions ciblant les migrants dans les rues et quartiers de Tunisie. En parallèle, une politique de « criminalisation » de l’aide humanitaire s’est mise en place, avec l’arrestation de responsables d’associations de soutien aux migrants, comme le souligne l’ONG FTDES.
Au cours de l’été 2023, plusieurs milliers de migrants ont été conduits vers les zones frontières avec la Libye et l’Algérie, dans des conditions de vie extrêmement difficiles. Nombre d’entre eux ont été abandonnés dans ces régions désertiques, où les températures et le manque d’eau ont causé la mort de dizaines de personnes.
Des témoignages recueillis par des ONG parlent de situations de souffrances inouïes, de décès dus à la soif et à la chaleur accablante.
En juillet 2023, la Tunisie a signé un « Partenariat » avec l’Union européenne, prévoyant 255 millions d’euros d’aide, dont une grande partie est destinée à lutter contre l’immigration irrégulière.
Cependant, les critiques s’intensifient sur la politique tunisienne, qui semble privilégier des mesures répressives et sécuritaires au détriment de la protection des droits humains.
En dépit des efforts de rapatriement, la situation sur le terrain reste préoccupante. Selon des sources humanitaires, entre 20.000 et 25.000 migrants vivent dans des conditions de plus en plus précaires dans des camps de fortune autour de Sfax. Ces migrants, qui ont fui des conflits, des dictatures et des conditions de vie insupportables dans leurs pays d’origine, se retrouvent dans une impasse en Tunisie, un pays qui s’est progressivement durci face à l’immigration.
Depuis le coup de force de Kaïs Saïed en 2021, les droits et libertés fondamentaux en Tunisie sont en régression. Les ONG dénoncent cette dérive autoritaire, qui se traduit par une répression systématique des voix dissidentes et des libertés publiques, y compris celles des migrants et des militants des droits de l’homme.
La politique migratoire du gouvernement tunisien semble être une extension de cette logique de contrôle, où l’on cherche à endiguer l’arrivée des migrants à tout prix, quitte à ignorer les conventions internationales et les principes de solidarité.
La politique de Kaïs Saïed vis-à-vis de l’immigration subsaharienne a ainsi plongé le pays dans une crise humanitaire de plus en plus grave.