Un responsable présumé d’AQMI a, dans une vidéo publiée sur Internet hier mardi mais datée de fin avril, appelé « les musulmans du monde entier » à « attaquer les intérêts français partout ». Ces menaces sont prises au sérieux par la France mais soulèvent également la question de leur poids véritable.
En conférence de presse, le président français François Hollande a annoncé avoir donné des instructions pour que les installations françaises soient sous la plus haute protection possible. La crainte d’être pris pour cible est légitime avec le souvenir tout frais de l’attentat contre l’ambassade de France à Tripoli. Toutefois, la marge de manœuvre d’AQMI est des plus limitées. L’intervention française au Mali l’a privé d’une bonne partie de ses chefs et de ses combattants.
D’ailleurs l’orateur de la vidéo mise en ligne hier, Abou Obeida Youssef Al-Annabi, était jusqu’alors un parfait inconnu. Et même s’il est incontestable que le réseau d’AQMI s’étend en dehors des frontières maliennes, il n’atteint certainement pas le territoire français. L’appel d’AQMI ne peut alors être interprété que comme une tentative d’y susciter des vocations de violence et de passage à l’acte d’éléments isolés comme ce fut le cas avec l’affaire Merah.
Les cibles les plus probables pour AQMI restent les représentations françaises dans la région sahélienne où la France a beaucoup d’intérêts puisqu’elle est l’ancienne puissance coloniale de plusieurs pays. Beaucoup d’entre eux, malheureusement n’ont pas les moyens d’assurer un contrôle efficace sur l’ensemble de leur territoire. Dans le collimateur des djihadistes à cause de son action au Mali, la France entend ne pas se laisser intimider. Et, pour régler définitivement la question de la menace terroriste, elle espère une implication de ses partenaires européens. Une réunion sur le Mali doit se tenir le 15 mai prochain à Bruxelles.