Tunisie : Le tournant autoritaire de Kaïs Saïed sous le feu des critiques

Depuis que le président Kaïs Saïed s’est octroyé les pleins pouvoirs en 2021, les ONG et l’opposition dénoncent un recul des libertés dans le pays. En plus du procès pour complot, des dizaines de personnalités politiques, avocats et journalistes sont détenus depuis 2023, souvent en vertu d’un décret réprimant la diffusion de fausses informations.

Kaïs Saïed a dénoncé les critiques internationales, notamment de la France, de l’Allemagne et de l’ONU, qualifiant leurs réactions d’« ingérence flagrante » dans les affaires internes de la Tunisie. Ces réactions font suite à la condamnation de plusieurs opposants politiques à de lourdes peines de prison pour complot contre la sûreté de l’État, des accusations que les concernés rejettent comme étant politiques.

La France, l’Allemagne et l’ONU ont pointé des irrégularités dans le procès, évoquant le non-respect des standards d’un jugement équitable. Berlin a notamment regretté que des observateurs, dont l’ambassade allemande à Tunis, aient été exclus de la dernière audience.

Le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a estimé que le procès avait été entaché de violations graves des droits de la défense, et a exprimé ses craintes quant à une instrumentalisation politique de la justice. Il a appelé la Tunisie à ne pas détourner les lois antiterroristes pour faire taire l’opposition et restreindre les libertés civiles.

Volker Türk a une nouvelle fois exhorté les autorités tunisiennes à mettre fin aux arrestations arbitraires et à respecter les droits fondamentaux. « La Tunisie était un modèle après 2011. J’espère qu’elle retrouvera le chemin de la démocratie et de l’État de droit », a-t-il déclaré.