Algérie : Un coup d’État est-il possible ? Anatomie d’un pouvoir verrouillé

La possibilité d’un coup d’État en Algérie continue de hanter l’imaginaire collectif, alimentée par la centralité de l’armée dans la vie politique du pays et l’opacité qui entoure les cercles du pouvoir.

Pourtant, à y regarder de près, un tel scénario semble crédible, c’est-à-dire une prise du pouvoir par une faction militaire. La structuration actuelle du régime algérien rend ce type de basculement plausible, selon les analystes occidentaux.

Le système politique algérien repose sur un équilibre entre l’institution présidentielle et le haut commandement militaire. Ce binôme président et chef d’état-major, constitue l’ossature du régime, d’après les mêmes sources. Il existe des tensions et des rivalités au sein du pouvoir, qui sont contenues dans des dynamiques internes et rarement exprimées de manière frontale.

Depuis l’indépendance, le rôle de l’armée n’a pas été celui d’un organe qui dépend de l’Etat, mais d’un gestionnaire au sein du pouvoir, un impératif vital.

L’armée nationale populaire (ANP) est un appareil cloisonné et surveillé. Elle fonctionne selon une logique d’étanchéité entre ses différents corps, les forces terrestres, aériennes, navales, gendarmerie, forces spéciales, et les services de sécurité. Ces entités sont conçues pour fonctionner en parallèle, sans possibilité pour une d’entre elles de concentrer suffisamment de pouvoir pour contester le haut commandement. A cela s’ajoute un système de surveillance interne extrêmement développé.

Depuis la réorganisation des services de renseignement, les officiers supérieurs sont scrutés, les affectations territoriales soigneusement équilibrées, et toute tentative de prise d’autonomie stratégique fait l’objet d’une neutralisation préventive.

Les promotions au sein de l’armée ne répondent pas seulement à des logiques de compétence, mais à des critères de fidélité au sommet de l’État-major.

Pour l’armée, toute action non maîtrisée pourrait rouvrir la boîte de Pandore. Elle favorise les transitions contrôlées, les ajustements graduels, les opérations de « nettoyage silencieux » dans ses propres rangs.

Mais le système algérien reste personnalisé, et donc vulnérable à certains chocs.

Une faille structurelle identifiable réside dans la disparition soudaine naturelle ou brutale de l’un des deux pôles du pouvoir, à savoir le président de la République ou le chef d’état-major.

Ce duo actuel du président Abdelmadjid Tebboune et du général Saïd Chengriha, bien que déséquilibré en termes de pouvoir réel, est fondamental pour la stabilité du régime militaire algérien.

En définitive, l’Algérie reste un régime militaro-politique opaque, où l’armée n’a jamais cédé ses privilèges économiques et sociaux au peuple algérien.