En Gambie, la tension monte autour du patrimoine colossal laissé par l’ancien homme fort du pays, Yahya Jammeh. Dimanche, confronté à une vague de colère populaire, le gouvernement a finalement rendu publique la liste des biens saisis à l’ex-dictateur, des propriétés désormais au cœur d’un débat national sur la justice et la transparence.
Villas cossues, voitures de luxe, terrains, équipements agricoles… Selon une enquête du média d’investigation The Republic, ces actifs, évalués à environ 300 millions de dollars, ont été discrètement vendus par les autorités. Une opacité qui a réveillé les frustrations dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest encore marqué par les 22 ans de règne autoritaire de Jammeh, contraint à l’exil en 2017.
Ces derniers jours, des organisations citoyennes et plusieurs figures de l’opposition ont multiplié les appels à la transparence, exigeant non seulement la liste détaillée des biens de l’ex-dirigeant, mais aussi l’identité des acheteurs. Le soupçon s’est vite installé : certains accusent le pouvoir actuel d’avoir cédé ces biens à des proches à prix bradés.
Vendredi, la tension est montée d’un cran. 27 membres du mouvement « Les Gambiens contre les biens spoliés » (GALA) ont été arrêtés lors d’une manifestation jugée illégale. Le lendemain, des milliers de citoyens ont à nouveau envahi les rues de la capitale Banjul, réclamant leur libération et des comptes sur les ventes.
Face à la pression, le ministère de la Justice a réagi. Il a publié la liste des biens, promettant de rendre publics les noms des acheteurs ainsi que les montants versés. Le gouvernement assure que les fonds issus des ventes seront utilisés pour indemniser les victimes du régime de Yahya Jammeh.