Algérie : Pourquoi la Libye de Tripoli est une ligne rouge pour Alger ?

La Libye occidentale notamment Tripoli et sa région, représente un enjeu capital pour le régime algérien, perçue comme une ligne rouge à ne pas franchir, même militairement, selon le président Abdelmadjid Tebboune.

1. Une frontière longue et poreuse :

L’Algérie partage plus de 950 km de frontière avec la Libye, dans une zone saharienne difficile à contrôler. La détérioration sécuritaire à l’est de cette frontière menace directement la sécurité intérieure de l’Algérie.

Pour Alger, Tripoli ne doit pas tomber aux mains d’un pouvoir contraire à ses intérêts régionaux.

2. Le cas d’Illizi, un territoire libyen sous occupation algérienne :

La région d’Illizi, située au sud-est de l’Algérie et frontalière de la Libye, a récemment été évoquée dans les coulisses du maréchal Khalifa Haftar, qui l’aurait désignée comme faisant historiquement partie d’un espace tribal et géographique de la Libye.

Illizi est une zone riche en ressources naturelles. Toute allusion à une prétendue appartenance libyenne à cette région est considérée par Alger comme une atteinte directe à son intégrité territoriale.

Cela renforce la position algérienne selon laquelle la présence ou l’expansion de l’influence de Haftar jusqu’à la frontière est inacceptable.

3. Un équilibre géopolitique régional à préserver :

L’Algérie essaie de se positionner comme un leader dans les conflits régionaux et même internationaux.

Tripoli sous contrôle total du maréchal Khalifa Haftar signifierait un rééquilibrage régional défavorable pour Alger, affaiblissant son rôle diplomatique et son influence dans le Maghreb et au Sahel.

4. La crainte d’un front militaire à l’Est :

L’Algérie redoute qu’un conflit armé larvé ou ouvert dans l’Ouest libyen crée un front militaire permanent à ses portes. Ce scénario obligerait Alger à renforcer massivement son dispositif militaire à l’est, détournant des ressources nécessaires pour faire face aux menaces au Sud, dans le nord du pays ou au Sahel.

5. Une influence à défendre :

L’Algérie a toujours exercé une influence sur l’Ouest libyen, notamment via certaines factions touarègues, des réseaux sahariens, et une proximité idéologique avec certains éléments du régime libyen post-Kadhafi. La Tripolitaine fait partie d’un espace d’influence qu’Alger cherche à préserver pour ses intérêts stratégiques dans le Sahel.

6. D’après les observateurs internationaux :

La Libye de Tripoli représente bien plus qu’un voisin pour l’Algérie, une zone tampon, un espace d’influence et une clé de voûte de sa sécurité interne. La Libye est divisée entre deux gouvernements rivaux : l’un à Tripoli, dirigé par Abdul Hamid Dbeibah et l’autre à l’Est, sous le contrôle du maréchal Khalifa Haftar.

Pour toutes ces raisons, le régime militaire algérien considère Tripoli comme une ligne rouge : tout changement politique dans ce pays serait perçu comme une menace existentielle de survie, justifiant une réaction militaire, selon la déclaration du président Abdelmadjid Tebboune.